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17 juin 2025

Florian Brunner

-16/6/2025- En mars 2025, la stratégie du maire sortant de Colmar reposait sur un principe clair : différer l’annonce de sa candidature pour mieux neutraliser ses concurrents. Cette logique du retrait calculé, inspirée d’une « campagne éclair » de 2020, visait à empêcher la structuration d’une opposition crédible en entretenant l’incertitude jusqu’au dernier moment.
Trois mois plus tard, ce choix est abandonné. Le 16 juin, lors du conseil municipal, Éric Straumann officialise sa candidature. Ce revirement n’est pas anodin. Il signale une inflexion dans la lecture qu’il fait de la situation politique locale. Le maire ne contrôle plus le tempo. L’hypothèse d’une opposition éclatée ne suffit plus à garantir sa réélection. Il sent que l’avantage de l’initiative lui échappe.
Face à une recomposition des oppositions en cours, Straumann choisit de verrouiller l’espace en s’annonçant plus tôt que prévu. Ce faisant, il tente de reprendre l’ascendant, non par le projet, mais par la présence. Le geste est moins une relance qu’un repli stratégique.
La justification avancée – un mandat « relativement court », marqué par le Covid – relève d’un récit défensif. Or la durée du mandat n’a pas été écourtée : six années pleines se seront écoulées en 2026. Ce glissement narratif cherche à dépolitiser le bilan, à transformer l’usure en empêchement, et l’absence de vision en simple contrainte extérieure.
Mais un élément essentiel reste éludé dans cette déclaration : la condamnation d’Éric Straumann en 2024 pour détournement de fonds publics. Même assortie du sursis, elle marque une rupture de confiance. La question n’est pas seulement juridique, elle est éthique. Peut-on demander un second mandat sans même reconnaître l’ombre portée du premier ? Ce silence en dit long : ce n’est pas un projet que l’on reconduit, mais un système qui cherche à se survivre.