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17 août 2021

Anne de Staël, fille de Nicolas :

« Qu'est-ce que l'admiration ? Quel est ce miroir dans lequel prend forme non "se regarder" mais se reconnaître ? De quelle façon une œuvre vous aura-t-elle fait tellement grandir ? Et que réfléchit la réflexion ? Notre propre vie s'éclaire à ce que nous admirons et qui ne manque pas de nous dépasser. Il arrive que "Les Grands Morts" soient plus vivants que les vivants. »


Le Portrait d'Anne se trouve au musée Unterlinden

CITATIONS

⬦ Ce qui, probablement, fausse tout dans la vie, c'est qu'on est convaincu qu'on dit la vérité parce qu'on dit ce qu'on pense.
Sacha Guitry

⬦ Que chacun raisonne en son âme et conscience, qu'il se fasse une idée fondée sur ses propres lectures et non d'après les racontars des autres.
Albert Einstein

⬦ Ne te laisse point prendre au tourbillon ; mais, dans tout élan, propose-toi le juste ; et, dans toute représentation, sauvegarde ta faculté de comprendre.
Marc-Aurèle

⬦ Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.
Albert Camus

⬦ Dès ma prime jeunesse, rien n'avait été plus fort en moi que le vœu intime de demeurer libre et indépendant.
Stephen Zweig

⬦ Le doute chez moi est passion et la passion un devoir, une tâche, une chose simple à accomplir. Le reste est la folie pure de l'art.
Nicolas de Staël

LE SILENCE DES AGNEAUX

Fabien Nierengarten

Je ne sais pas si c’est pareil pour vous, mais moi, j’ai abordé cette rentrée avec une énorme gueule de bois. Pas celle des lendemains de fête. Plutôt celle des veilles de jours de galère où l’on boit un coup de trop pour pouvoir surmonter les emmerdements du lendemain. Car il faudra bien s’y faire : l’automne sera chaud. Et là, rien à voir avec les bouleversements climatiques.
Oui, la fin de cette année 2021 semble vouloir se transformer en chemin de croix pour ceux qui ont juste envie de retrouver une vie à peu près normale. D’abord à cause de ce foutu virus dont on ne sait même plus s’il s’agit du millésime 19, 20 ou 21, tellement il s’est inventé de variants aux accents grecs. Mais aussi à cause de cette atmosphère générale qui ressemble davantage à celle d’un début de campagne électorale, qu’à celle d’une lutte unie et solidaire contre l’épidémie qui nous pourrit la vie depuis un an et demi.
En fait, pour parler franchement, je trouve regrettable que certains exploitent un problème planétaire de santé publique pour en faire un enjeu politicien à l’échelle nationale, faisant croire à gros coups de fake news et de pseudo scoops scientifiques, que nous vivons en Allemagne nazie ou en Corée du Nord.
Je crois qu’il serait temps que, face à cette minorité visible et bruyante, se dresse enfin la (très grande) majorité, certes discrète, mais résolue et entreprenante. Et que les prétendus « moutons » prennent enfin la parole pour dire, avec leurs mots à eux, « ça suffit ! », ou si vous préférez en alsacien, « jetzt langt’s ! ».

Que de mêêêfiance !

Souvenons-nous, il y a encore quelques mois, les Français paniquaient face au virus. Il est pour quand le vaccin ? Ils foutent quoi, nos scientifiques ? Ils servent à quoi, nos politiques ? Pourquoi pas assez de doses ? Elle est pour quand, mon injection ? Après le scandale des masques et des tests, celui du vaccin pointait déjà le bout de sa seringue. Aujourd’hui, la « potion magique » est disponible à profusion, mais une partie de la France a peur. Peur de l’inconnu et de l’incertain. Peur que des docteurs Folamour veuillent fabriquer des humains à trois bras, dotés d’antennes 5G. Ou pire encore, des moutons à cinq pattes. Restons sérieux ! Rejetons l’obscurantisme et faisons confiance à la science.

Que de mêêêcontentement !

« Pas contents, pas contents ! ». Les rues de nos villes ont résonné durant l’été des cris de milliers de manifestants antivax et anti-passe sanitaire, très vite rejoints par les traditionnels anti-tout, et même par quelques anti-rien pour qui la manif était juste l’occasion d’aérer un peu la famille. Tout ça pour une petite piqûre dans un petit bras. Sommes-nous vraiment condamnés à ce que la raison de celui qui gueule le plus fort, soit toujours la meilleure, comme pourrait le laisser croire la fable « le loup et l’agneau » ? On pourrait peut-être mettre un peu d’intelligence collective dans tout cela, vous ne croyez pas ?

Que de mêêêdiocrité !

Car pendant ce temps, le monde tourne à l’envers et la planète se meurt. Lentement mais sûrement. Notre individualisme, notre égoïsme, notre égocentrisme, notre propension naturelle à ne regarder que nos petits nombrils, font que les intérêts de chacun l’emportent presque systématiquement sur l’intérêt de tous, et nous conduisent inexorablement, tels des moutons de Panurge, vers notre propre perte. OK pour le droit à la liberté, mais quid de son indispensable contrepartie, à savoir l’obligation de responsabilité ? Notamment celle de veiller à la santé de son prochain en se faisant vacciner.
 
Que de mêêêpris !

En ces temps où l’accès à la connaissance via internet donne à chacun l’impression d’être, selon l’heure de la journée, sélectionneur de l’équipe de France de foot, spécialiste reconnu en analyse macroéconomique, ou encore, expert en géopolitique mondiale, il ne fait pas bon d’être un vrai médecin ou un vrai scientifique. Soupçonné de s’intéresser bien plus aux pépettes qu’aux pipettes, il est le bouc émissaire et la brebis galeuse de la crise sanitaire. On lui préfère les charlatans autoproclamés épidémiologistes et autres manipulateurs d’opinion dont regorgent les réseaux sociaux. Car, dixit nos rebelles d’opérette, « eux au moins, ne sont pas corrompus ». Très drôle !!!
 
Que de mêêêchanceté !

Justement, les réseaux sociaux, parlons-en. Quand on y évoque une augmentation du nombre de personnes en réanimation ou des décès liés au Covid, on devient souvent la cible de railleries ou de commentaires ironiques. Comme si la vie humaine perdait toute valeur aux yeux d’un grand nombre de nos compatriotes. Certains d’entre eux joignent même des gestes bien réels à leur parole virtuelle, en se livrant à des agressions physiques contre ceux qu’ils traitent de « collabos ». Preuve que lorsque l’ignorance côtoie l’arrogance, l’intolérance tutoie souvent l’indécence.
 
Que de mêêêsententes !

Quand on voit défiler ensemble, des gens aux convictions si diamétralement opposées, il y aurait vraiment de quoi devenir chèvre. La trop fameuse « convergence des luttes », bien loin de favoriser la construction d’un projet de société collectif et consensuel, finit toujours par mettre un pays à genoux.
Et si on faisait enfin émerger, non pas les sujets qui nous divisent, mais les valeurs qui nous rassemblent ? Ce serait là sans doute le plus sexy et le plus glamour des programmes pour les Présidentielles. Histoire de démontrer qu’au final nous ne sommes, ni des veaux (n’est-ce pas, mon Général ?), ni des moutons (n’en déplaise à certains), mais un peuple mature et responsable. Il y aurait là de quoi sabrer le champagne. Ou déboucher une bonne bouteille. Un Mouton-Rothschild, évidemment !



Les malheurs du monde

Isabelle Kieffer

Les Afghans tentent désespérément de fuir un régime de terreur.
Les Haïtiens déblaient gravats et cadavres à mains nues.
Les Libanais meurent pour 1 litre d’essence.
Les Kabyles (et d’autres) voient brûler leurs forêts et villages.
Maurice et Huguette doivent montrer leur QR code pour siffler une bière en terrasse.

16 août 2021

Phil


« LES AUTORITÉS DÉTOURNENT LES QUESTIONS SANITAIRES POUR INSTAURER UNE SOCIÉTÉ DE CONTRÔLE »

Extraits d'un entretien avec la philosophe Barbara Stiegler
 
« J’ai le sentiment que l’on s’enferre dans une impasse politique et sanitaire. Les décisions prises par le gouvernement depuis le 16 mars 2020 construisent un pays fracturé où l’on oppose deux camps, celui du bien et celui du mal […] créant un état de sidération dans la société qui empêche de penser et d’appréhender les questions avec nuance et précision. À un an de l’élection présidentielle, c’est extrêmement inquiétant. En renvoyant toute forme de contestation à l’extrême droite, tous les ingrédients d’une crise politique majeure sont là.
Les dispositifs mis en place sont extrêmement brutaux et simplistes. […] Si la menace au code QR fonctionne pour les populations les mieux insérées socialement, elle est globalement inopérante pour les publics précaires et fragiles. Le gouvernement laisse les citoyens livrés à eux-mêmes, seuls devant leurs applications numériques.
Depuis le début du quinquennat, le gouvernement démantèle les services publics et mène des politiques d’austérité qui affaiblissent l’hôpital, les services sociaux, le système éducatif. Au lieu de reconnaître ses torts et ses responsabilités, il transforme les victimes de sa propre politique en coupables. Il les rend responsables de la situation présente. Il pointe leur prétendu « relâchement », insiste sur leur ignorance, leur irrationalité ou leur penchant sectaire. Depuis un an et demi, son état d’esprit n’a pas changé. Il privilégie toujours la répression, le contrôle et la mise au pas de la population.
En creux, le Covid-19 pose une question sociale et écologique. Dans les pays industrialisés, plus les inégalités augmentent, plus les maladies chroniques explosent et plus le Covid-19 flambe.
L’argument selon lequel il n’est pas question d’aller manifester aux côtés d’électeurs d’extrême droite […] n'est jamais évoqué quand il s’agit de manifester contre un attentat terroriste ou pour soutenir la police. Récemment, des membres du Parti socialiste (PS), d’Europe Écologie Les Verts (EELV) et du Parti communiste (PCF) ont marché aux côtés du syndicat de police Alliance et à côté du Rassemblement national (RN), et cela ne leur a posé visiblement aucun problème. [ …] Devant de telles remises en cause de nos libertés, la gauche et la société civile devraient se mobiliser dans la rue pour ne pas laisser l’extrême droite ramasser la mise.
Nous sommes désormais dans un régime où un seul homme peut décréter de manière arbitraire les détails les plus infimes et les plus intimes de nos vies. Nous vivons un point de bascule. Depuis un an et demi, une partie des classes supérieures semble avoir renoncé au modèle démocratique […] Les autorités détournent les questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle extrêmement invasive dans laquelle la démocratie est suspendue à l’aide des outils numériques et d’un discours permanent sur l’urgence. […] Il faut bien comprendre que le Covid-19 n’est qu’une répétition générale. Ce n’est qu’un épisode parmi d’autres de la crise écologique. Des événements similaires risquent de se reproduire à l’avenir, avec la dégradation des écosystèmes et le réchauffement climatique. »
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L'interview complète ici : https://reporterre.net/Barbara-Stiegler-Les-autorites...

Edouard Dabrowski

"Le Zapping" de la semaine dernière revient sur le « vibrant hommage » rendu par Eric Straumann à Gilbert Meyer, lors de l'inauguration du Koïfhus restauré, « l'élu s'est même trouvé de nombreux points communs avec l'ancien maire ».
Eric Straumann ne dira jamais du mal, en public, de Gilbert Meyer qu'il a combattu à la loyale aux municipales, alors que ce dernier ne s'était pas privé de lui porter des coups bas.

De là à lui passer la brosse à reluire avec une telle insistance il y a de quoi s'interroger.
Est-ce du second degré ? Si l'ancien maire avait réellement les qualités vantées, pourquoi s'être présenté contre lui ? Quelle est la part de sincérité ? De stratégie politicienne ? Faut-il toujours donner des gages aux anciens fans de GM, ainsi qu'à ses transfuges qui ont quitté un navire pour un autre sans états d'âme ? La page est définitivement tournée, qui parle encore de Gilbert Meyer aujourd'hui ?

Eric Straumann est allé jusqu'à se trouver de nombreux points communs avec l'ancien maire dont celui-ci : "la même vision de la ville". Quand on sait quelle vision en avait Meyer, toujours plus de touristes, jusqu'à l'overdose et les habitants traités par le mépris, il y a de quoi s'alarmer.

Autre point commun, passé sous silence : l'utilisation de Facebook.
La communication bat son plein, la nature ayant horreur du vide, il ne se passe pas un jour sans publication. Avec, en retour, likes, commentaires flatteurs et bien sûr audience maximum espérés.
Chez Meyer, soit on applaudissait, soit on s'abstenait ; mais si on s'avisait d'émettre un avis contradictoire, celui-ci était très rapidement supprimé et son auteur risquait d'être bloqué.
Chez Straumann, idem.
« C'est la fonction qui veut ça » répond l'intéressé à ceux qui s'étonnent de cette façon de procéder.

Dans les points qui les distinguent, Eric Straumann avance le facteur générationnel et la verticalité du pouvoir (chez Meyer).

Gilbert Meyer n'en faisait qu'à sa tête et ne revenait pas sur une décision prise, fut-elle absurde (le fameux macaron à 600 euros).

Tout au contraire, Eric Straumann ne veut se fâcher avec personne et du coup hésite à trancher.

Appel à la délation. Certes le mot n'est pas employé car trop connoté négativement mais quand on vous demande de prendre en photo les personnes se livrant à un dépôt sauvage de déchets ou de signaler à la mairie les mamies nourrissant les pigeons, c'est quoi ?

L'humour. ES a un penchant pour l'humour, ce dont Meyer était complètement dépourvu. Par contre ce dernier faisait rire à ses dépens, merci Roger Siffer.

Partisan d'une gouvernance plus "horizontale", Eric Sraumann manifeste une réelle empathie vis-à-vis de ses administrés avec lesquels il aime converser quand il sillonne la ville, souvent à vélo. Après la chape de plomb de l'ère meyerienne, une bouffée d'oxygène.

Pour résumer : empathie, ouverture d'esprit, écoute bienveillante, humour chez Eric Straumann ; autoritarisme, clientélisme, mépris et arrogance chez Meyer, y a pas photo !