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5 août 2025

ABBAYE DU THORONET

Michel Spitz
4/8/2025

Avec ses sœurs, Silvacane et Sénanque, l’abbaye du Thoronet, une des trois abbaye cisterciennes de Provence, exprime l’essence de l’art cistercien fait de dénuement extrême, de pureté des lignes, essentiellement dictés par l’organisation de la vie communautaire. C’est à ce titre qu’elle a inspiré des générations d’architectes, comme en témoigne Fernand Pouillon dans son roman « Les pierres sauvages ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, il y passe de longues semaines pour en relever minutieusement les plans, bases de son roman et de ses réalisations architecturales futures. Une vivante chronique de la naissance d'un chef-d'œuvre, appuyée à la fois sur des recherches historiques et sur une longue expérience du métier de bâtisseur, se veut une réflexion sur les rapports du beau et du nécessaire, de l'ordre humain et de l'ordre naturel.
Le XXe siècle sera le siècle qui assistera à l’émergence du mouvement moderne minimaliste, caractérisé par l’utilisation de formes géométriques simples, de matériaux bruts et de lignes pures. Les abbayes cisterciennes vont exercer un charme par leur esthétique du dénuement en accord avec les sensibilités, façonnées depuis les années 1920 par Walter Gropius et Ludwig Mies van de Rohe de l’école d’art du Bauhaus en Allemagne, et en France par des architectes tels Auguste Perret et Le Corbusier. L'austérité des lieux frappe par la mystérieuse exactitude de ses propriétés géométriques et aura influencé grandement de nombreux architectes. On sait que Le Corbusier passa du temps à l'abbaye du Thoronet quand il concevait le projet du couvent dominicain de la Tourette. Il jugeait que chaque détail de cette abbaye représentait "un principe d'architecture créative".