Bernard Rodenstein
26/6/2025
Résister, c’est souffrir
Se laisser porter par le courant dominant est ce qu’il y a de plus aisé et de moins fatigant.
Pourquoi se casser les méninges, réfléchir et se positionner, sur la base de ses propres convictions, alors que la plupart font l’économie de tels exercices fastidieux ?
« Penser comme tout le monde » est la recommandation des pouvoirs qui nous tiennent entre leurs griffes.
Les rebelles à la volonté des faiseurs d’opinion et des dominateurs en tous genres sont des trublions qui ne devraient pas exister et qui sont dans le collimateur des instances de contrôle et de répression.
Tels des épis qui se dressent sur la tête, indomptables et indéracinables, les résistants ont pourtant leur place dans la société où leur rôle demeure essentiel.
Ils disent que ce qui passe pour être de l’ordre de l’immuable, du naturel et du légitime, ne l’est pas autant que ce que les « gardiens du temple » nous donnent à croire.
Il y a des hics dans leurs théories.
On est en droit de ne pas les suivre. Même si les masses se plient, ils n’est pas prouvé que ce à quoi elles adhèrent, par servilité ou par ignorance, est le chemin qui convient à notre humanité. Loin s’en faut.
Nous devons être de braves petits soldats d’un empire dont les maîtres n’ont guère de comptes à rendre à personne.
Ils décident. Ils prétendent savoir ce qui est bon pour nous. Nous n’avons pas à nous poser de questions. Obéir est notre unique droit.
Moyennant quoi ils nous conduisent dans le mur.
Comme des troupeaux qui sont menés à l’abattoir, nous filons doux et n’élevons guère de protestations.
C’est triste à mourir.
Le monde que nous nous souhaitons, à juste titre, est très éloigné de celui qui nous est imposé et en même temps très proche.
Éloigné, car au lieu de s’approcher de sa mort, il pourrait s’orienter vers toujours davantage de splendeur.
Proche, car pour changer d’axe, ce que préconisent les résistants et les rebelles, il ne faut pas grand chose.
Il suffirait que nous nous donnions le mot pour renoncer à nous soumettre à la loi injuste des semeurs de terreur et à oser vivre selon celle de la fraternité la plus universelle possible.
Les cœurs libres d’aimer sont des puits d’audace, de bonheur et de créativité.
Les peurs qui nous sont inculquées nous enchaînent plus sûrement que les fers des galériens.
Se découvrir libre d’aimer, c’est voir s’ouvrir la porte de la cage et s’envoler comme l’oiseau trop longtemps retenu.
Mais c’est aussi percevoir que le monde va décupler d’hostilité contre vous. Il ne vous tolère qu’en cage.
C’est donc un choix difficile.
Mourir sans broncher ou vivre avec des ennemis ?