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30 juin 2020

Isabelle Kieffer

Et après ?

À la suite de la lecture d’articles sur le tourisme de masse, je propose deux pistes de réflexion pour le nouveau maire et son équipe :

1/ « Dubrovnik est devenue invivable quand elle a cessé d’être une ville pour devenir une destination. »

2/ « Comment changer de modèle sans tuer la poule aux œufs d’or ? »

Monsieur le Maire, rendez-nous notre ville et ouvrez-lui de nouvelles perspectives d’activités et d’emplois.

Patricia Schillinger

Billet d'humeur

Hier soir, les résultats du 2ème tour des élections municipales ont marqué une nouvelle étape dans notre vie politique.
L’abstention, trop forte, est finalement la seule gagnante. Trop d’électeurs ne se sont pas déplacés et l’on ne peut accuser le seul Covid19, tant l’abstention est symptomatique de la démocratie française. 4 électeurs sur 10 sont allés aux urnes. Pourtant, la commune est notre premier interlocuteur, le premier acteur de notre quotidien. Le maire est le premier élu vers qui on se tourne. L’abstention d’hier, c’est le résultat d’un double manquement : celui du désintérêt pour la chose politique et une offre politique parfois peu satisfaisante. Mais on peut aussi s'interroger sur sa véritable légitimé et le sens de son engagement lorsqu'on est élu avec moins d'un tiers des inscrits, pour réussir son mandat et tout faire pour satisfaire la majorité silencieuse.
Mais c’est aussi le résultat d’un virus qui ne lâche pas encore prise même s’il semble reculer. Le coronavirus a modifié la donne sur les élections municipales, offrant malgré lui une campagne électorale qui ne disait pas son nom, offrant aux candidats une opportunité de se démarquer. Et l’abstention est venue parachever cette campagne au long cours. D’habitude, nous avions une semaine pour décider de qui dirigera notre commune. Cette année, nous avons eu trois mois. Cette longue marche vers la victoire ou la défaite était épuisante pour tous mais la démocratie a parlé et l’essentiel est là.
Effectivement, hier soir, ma déception était à la mesure de certaines défaites, à Mulhouse comme ailleurs. Partout en France, nous avons vécu une campagne difficile, dans un contexte particulier. On ne rejouera pas le match, du moins pas avant 2026. Néanmoins, une nouvelle offre politique, qui rassemble au-delà des clivages traditionnels, est en marche.
L’écologie est au cœur des préoccupations de nos concitoyens. Depuis plusieurs années, une véritable prise de conscience collective se fait jour. Dans notre département, certaines communes ont fait des efforts considérables pour modifier les façons de penser, de trier, de se déplacer, et avec succès. L’écologie, plus qu’une affaire politique, c’est l’affaire de tous. Hier soir, nous en avons eu la preuve.
Depuis la Cop 21, les Français regardent autrement leur environnement. Puis il y a les mouvements de fonds, comme les canicules toujours plus difficiles, les images de déforestations et de sécheresses, toujours plus proches de nous. Il y a eu Greta Thunberg aussi, qui a mis en avant ce que sa génération veut pour la planète. Enfin, le confinement a porté une voix verte, les gens prenant conscience de leur environnement et du rôle de la proximité.
Aujourd’hui, le ciel est gris. Certains y verront un signe. Au moment où je rédige ces lignes, le soleil reparaît, comme le symbole d’une renaissance. En politique, tout revient mais tout peut aussi changer. Nous sommes au service des citoyens et de leurs représentants, quels que soient les scores. Hier, nous avons eu un message fort : le monde doit changer. Le jour d’après, il passe par la protection de tous, qu’elle soit environnementale ou sociale.
Les élus de mars dernier et ceux d’hier ont une responsabilité inédite : faire du futur autre chose que le passé recomposé. Aujourd’hui, les citoyens veulent que nous conjuguions nos forces pour un lexique commun. Notre responsabilité d’élus, c’est d’écouter, pas seulement d’entendre. Hier soir, nous avons entendu un double appel, celui de l’abstention et d’un monde plus vert.
Aujourd’hui, il faut écouter ce double appel et y répondre avec conviction. Le temps de l'imparfait doit s'achever pour un impératif collectif nécessaire.

27 juin 2020

LE SAUMON CHANTANT

La Dernière Conquête


La peau lisse, tirée par le gonflement et flottant à la dérive, le Roi se sentit rajeuni. Poussé par le vent, il décida de reconquérir une nouvelle fois le royaume. En fait, l’euphorie provoquée par l’éther était telle qu’il se sentait de taille à reconquérir le royaume encore un millier de fois.
Il faut dire en effet qu’une bonne farce se jouait devant le peuple de Colmar à chaque demi-douzaine d’années : les grandes joutes publiques !
Qui en avait le courage pouvait venir affronter le Roi avec son équipe. Le gagnant était celui qui obtenait les acclamations du public.
Bien sûr, il est plus facile d’acclamer une figure connue, et le Roi s’assurait que l’on n’oublie jamais la sienne. Tout le temps de son règne tambours et trompettes circulaient de toutes parts pour rappeler les mérites du Roi, jouant assez haut et fort pour assourdir le reste.
Un journal était distribué aux habitants du Royaume, non pour leur parler des nouvelles de la Ville, mais mettre en valeur le Roi par des portraits de face et de profil et de tous les angles possibles qui auraient pu mettre sa majesté en valeur.
Lorsqu’il s’adressait au peuple, le Roi parlait de l’Or de la Ville et de ses Palais et leur contait que c’était la plus belle Ville du Monde.
Les petites gens flattées se disaient qu’ils avaient décidément un bon Roi. Celles qui avaient peu l’occasion de voyager et s’estimaient bien chanceuses d’habiter le plus beau Royaume du Monde.
Et devant tant d’assurance et de prestance elles n’hésitaient pas à venir acclamer le Roi à chaque joute.
Comment les mauvaises langues des équipes adverses pouvaient d’ailleurs oser prétendre que la Ville n’était pas si belle ? Une Ville que l’on venait visiter depuis le fin fond des contrées d’Orient ! C’était bien la preuve quand même !
Le peuple était dans la poche, il fallait toutefois aussi affaiblir l’adversaire. Entraient en jeu toutes les formes de scélératesse possibles : empoisonnement, intimidation, atteinte à la vie privée. Tout se jouait caché dans les coulisses afin que la victoire puisse se faire de façon magistrale lors de la joute. Sans les combats sanglants qui salissent toujours et auraient éclaboussé un peu la cape de Roi.
Devant les gens, il fallait que ça fasse propre !
Cette fois encore, le Roi se voyait reparti à la charge au-devant de son armée de toujours - un peu rajeunie par quelques nouvelles recrues toutefois car il fallait couper les branches mortes et présenter quelques visages lisses pour symboliser l’avenir.

Le Premier

Cependant à la Cour, d’aucuns nourrissaient d’autres projets.
En tout premier venait Le Premier qui désirait prendre la suite depuis une éternité. Depuis quelques temps, il bombait le torse devant son miroir et se rêvait dans les habits du Roi.
A tous il disait : ne suis-je pas plus jeune et beau que le Roi ? Ne mettrais-je pas mieux en valeur les habits de Roi ?
Peu étaient impressionnés par la vanité de Sa Vacuité.
Certains cependant lui trouvaient bonne mine. Ils l’encouragèrent à constituer son armée pour la conquête du Royaume et ils commencèrent à cheminer ensemble pour sonner aux portes et annoncer la bonne nouvelle : enfin du sang neuf.
Du haut du ciel le Roi vit la troupe grandir et devina la manœuvre. Il darda alors ses flèches sur la troupe, ne laissant vivant que le Premier réfugié blessé à terre exposé et lui dit devant tous : je t’ai fait, je peux te détruire !
Il le laissa longtemps tremblant puis lui donna le choix entre mourir et revenir.
Le contrat était clair : il ferait beau dans son équipe, devrait sourire et ne plus parler. En échange, il continuait à profiter, comme depuis toujours, des avantages de la charge et s’estimer heureux de ne pas finir sans le sou.
Pris de peur le Premier accepta.
Mais quelle était cette manœuvre du Roi ? Elle pouvait laisser bien perplexe !
Et pourtant, elle n’aurait pas dû.

La Cour du Roi

La Cour du Roi était savamment composée depuis la nuit des temps.
Tout d’abord : choisir et désigner son successeur supposé : le Premier.
Chaque autocrate le sait : le Premier doit être plus mauvais dans tous ses travers que le Roi, n’avoir aucune de ses qualités et être plus faible que lui.
Ainsi, personne n’aura envie de le porter au pouvoir à la place du Roi et, même s’il en a très envie, le Premier n’aura pas la capacité de renverser le Roi. Pour cela, il avait trouvé la personne parfaitement adaptée.
Le reste de la Cour ensuite.
Elle se compose d’une garde rapprochée d’abord, fidèles de toujours par choix de cœur … mais surtout d’intérêt. Sincères ou stratèges, les membres de la garde défendent leurs chasses gardées mais parleront d’une seule voix pour le reste.
Le reste de la Cour est plus composite avec dans l’ordre d’importance pour le Roi : les larbins, les adorateurs du Roi, les représentants des intérêts des guildes et les éléments de décoration et de remplissage (il y a tellement de chaises à garnir autour de la table du Conseil Royal).
Enfin, une petite place était réservée à des membres éminents issus des rangs de l’ennemi. Ces recrutements étaient forts habiles : sous couvert de permettre de faire avancer leurs idées « au diable l’appartenance et les origines, tes idéaux seront mieux défendus depuis la forteresse que depuis les bas de fosses : et il fait chaud près de la grande cheminée ! ». Ces personnes étaient choisies pour leur qualité de parole et leurs grandes gueules qui faisaient échos dans les débats lorsqu’elles étaient sur les rangs de l’adversaire.
Une fois intégrées dans les troupes du Château, plus question de contester.
En Conseil, la parole est donnée par le Roi : à sa suite les membres de la Cour, chacun tour à tour, doivent se plier à l’exercice des louanges.
Sauf la décoration qui est là pour faire bonne figure et manifester respectueusement mais silencieusement son admiration par des hochements approbateurs de la tête !
Sauf les anciens membres de l’opposition qui, piégés, ne peuvent plus que se mordre l’intérieur des joues pour s’empêcher de parler à défaut de penser !
L’exercice des louanges peut déclencher l’incrédulité et l’hilarité de ceux qui assistent de près ou de loin aux débats du Conseil Royal.
Mais ils sont peu nombreux. Et parmi ceux-là encore, il en reste encore une bonne part qui, hypnotisée par les Ors du Palais et l’Assurance de la Toute Puissance Royale reste bouche bée d’admiration.
En effet, un Roi ne peut dire autant de bien de lui-même et chanter ses propres louanges s’il n’est sûr d’être le meilleur. Comme l’estima un jour un certain Empereur de France on ne peut rêver plus digne que son Impériale personne elle-même pour se coiffer d’une Couronne … fut-elle de fleurs !
Ainsi est constituée la Cour Royale, dont aucun membre ne doit être un danger pour le Roi.
Ni le plus proche qui serait traîné et rasé sur la place publique pour traîtrise.
Ni les anciens opposants : quand on a trahi ses convictions on perd la confiance de tous : ceux que l’on a trahis comme ceux que l’on a rejoints. Le piège est définitivement fermé !
Personne ne devait être en position de renverser le Roi. Personne ne devait être comparé au Roi. Le Roi devait les dépasser tous. Aucun ne devait être à sa mesure, c’était bien ainsi qu’il l’entendait.
Ainsi, le Roi avait constitué un Chœur plus qu’une Cour. Le Chœur devant faire écho et mettre en valeur la voix du Roi.
Toute fausse note était sévèrement punie. Tous le savaient depuis toujours.

La Montgolfière

Ainsi mourut le projet du Premier de devenir Roi … tant que le Roi serait là.
Il en prit son parti, le Roi était si vieux maintenant et il attendait depuis si longtemps … cela ne pouvait durer toujours tout de même !
Il fallait accepter de revenir dans l’équipe du Roi, gagner les nouvelles Joutes et attendre … on ne saurait jamais combien de temps cela pourrait durer ainsi. Un millier d’années semblait-il au Premier.
Ainsi, le Roi pu-t-il reprendre son vol et continuer à flotter dans les airs, tel un berger garde son troupeau, son chien revenu au pied.
L’œil satisfait du travail accompli, le Roi volait et volait encore au-dessus de sa Ville. Il n’était besoin de ne rien lui ajouter : elle était parfaite !
Ainsi s’adressa-t-il à la population : regardez ce que j’ai fait ! N’est-ce pas que je suis un bon Roi ?
Cependant, les autres équipes fronçaient le nez et disaient aux gens : une Ville qui ne laisse sa part ni à l’herbe folle ni aux jeux d’enfants, cela vous plaît vraiment ?
C’était le grand débat qui s’annonçait. Mais il semble que l’un ni les autres n’allaient pouvoir faire trancher cette grande question au moment des Joutes.
En effet, dans les rues de Colmar on commençait à entendre sonnettes et cornes : une nouvelle protestation montait dans les rues. Ce bruit couvrait les voix des habitants.
A quoi était dû ce tintamarre ? Un mouvement populaire ?
Pas vraiment : la grogne touchait certes les gagne-petit mais de loin la grande bourgeoisie était la plus bruyante.
La station des carrosses avait cessé d’être gratuite. Les Grands Bourgeois fussent-ils médecins ou avocats s’offusquèrent du fait qu’il fallait verser un droit de station, serait-il de trois sous, pour garer leurs carrosses, fussent-ils achetés à grand prix.
Selon les plaignants, il fallait permettre sans contrainte la circulation et la station de ces appareils en tout lieu à tout moment.
En revanche, pas question de verser la pièce pour l’encombrement des rues et la pollution par les fientes et les gaz émis par rosses et destriers de toutes espèces.
Le temps des Joutes arrivant, tous savaient qu’il suffisait de faire du bruit pour emporter le morceau.
Le tapage attira un Régnant d’une contrée voisine parti à la Capitale de l’Empire pour faire carrière.
Il se dit que le moment était venu pour lui d’emporter l’affaire.
Plein d’assurance et d’un fort beau gabarit, il flotta le vent en poupe et à toute pompe en direction de la Ville Royale.
Telle une Montgolfière il fit face à la Royale Baudruche, la couvrant de son ombre.
Celle-ci se plissa un peu, ébranlée pour la première fois.

La Grande Peste

Un malheur n’arrivant jamais seul, un grand Fléau venu de l’autre bout du Monde s’abattit sur le Royaume. La mort elle-même s’était présentée aux portes de la Ville et avait commencé à faire son œuvre.
En un rien de temps, les écoles fermèrent et les rues se vidèrent.
C’est dans cette ambiance de fatalité et de terreur que les joutes s’engagèrent.
Très vite le bruit courut que le fléau touchait avant tout les vieillards et que ceux-ci seraient bien inspirés de rester chez eux.
Le Premier espéra.
Le Roi tempêta : ses partisans plus dociles ne pourraient être au rendez-vous !
Les seuls qui pouvaient voir, comme lui, l’avenir dans le passé !
Toutes ces cartes et cadeaux d’anniversaire portés pour rien pendant des années !
Il en fut effectivement ainsi.
La montgolfière emporta haut-la-main la première épreuve.
Puis tout s’arrêta.
Tout s’arrêta pendant de longs mois.
Tout s’arrêta vraiment ?
Non : dans la Ville Morte, le Roi ne fut jamais si actif que pendant cette période.
Fustigeant sa cour et l’accablant de tous les maux.
Courant de droite à gauche (et oui de gauche aussi) pour mobiliser les associations, les réseaux, donner des consignes de vote, faire de nouvelles promesses … glanant des idées des listes adverses pour reprendre à son compte en dernière minute quelques projets, espérant couper l’herbe sous le pied.
Rattrapant le temps perdu à avoir cru que l’on pouvait vendre un rêve d’avenir sur un bilan.
Dans sa fureur, le Roi avait oublié son âge.
Son âge, cependant, ne l’oublia pas.
Le Roi fut frappé en pleine course et tomba à terre.
Il fut porté avec moult précautions et alité dans des draps blancs.
Autour du lit, personne n’osait parler.
On attendit.
On attendit.
Puis, constatant son manque de vigueur, les membres de la Cour commencèrent à chuchoter.
Longtemps inconscient, le Roi n’entendit pas tout d’abord les voix assourdies autour de son lit. Il fut tout de même bientôt réveillé par de grands éclats.
Comment : même pas encore mort et on s’étripait à la Cour pour décider de sa succession !
Alors qu’aucun ne lui arrivait à la cheville ! Ils avaient bien été choisis pour cela non ? Les suivants sont faits pour suivre pas pour cheffer non mais Oh !
La défaite était certaine.
Le Roi était incapable de se lever mais non point de réfléchir.
Décidant que son nom ne pouvait être attaché à aucune branlée de cette sorte, le Roi décida de ne pas participer à la deuxième épreuve des Joutes préférant, dans sa grande bonté, désigner au peuple son successeur.
Le peuple n’avait plus qu’à s’exécuter pour les acclamations.
Jamais le Roi n’aurait été vaincu.
Et il aurait décidé de tout jusqu’au bout.

Ou pas …

(écrit avant le second tour)

18 juin 2020

STOP à la pollution cancérigène de la nappe phréatique à Colmar


Quel est le problème ? 
A Colmar / Wintzenheim dans le Haut-Rhin la plus grande nappe phréatique d’Europe que nous partageons avec nos voisin.e.s et riverain.e.s de l’espace rhénan est polluée aux déchets de fabrication de Lindane, un pesticide cancérigène. Une pollution vieille de plusieurs dizaines d’années qu’on essaye de nous faire oublier et contre laquelle rien n’est fait ! Un héritage empoisonné pour toute l’Alsace avant même les ravages attendus de stocamine.
Conséquence :
Cette pollution est déjà très étendue sous Colmar et met à mal la plus grande nappe phréatique européenne. Elle met en danger notre santé, notre avenir, notre bien commun, nos eaux potables de consommation.
Ce que nous demandons :
La fin de ce scandale sanitaire : nous demandons aux autorités locales de se saisir de ce dossier et d'aboutir à la dépollution complète du site dit ‘’Lindane PCUK’’. Nous demandons par ailleurs une communication transparente et honnête de la situation en direction de la population par ces mêmes autorités.
                            
                             SIGNEZ ET PARTAGEZ CETTE PÉTITION

Phil

DNA Écoconsommation : Des micropolluants dans les eaux souterraines d'Alsace



10 juin 2020

Isabelle Kieffer

Fin de règne : au royaume de l’absurde

Mais qu’est-ce qui a pris à l’équipe municipale moribonde d’imaginer et créer vite fait mal fait une piste cyclable au milieu d’un axe circulaire ? Dans l’esprit (?) « tout pour le vélo » de l’après confinement ?

Comment dit-on de nos jours ? Accidentogène puissance 1000.

Le boulevard du Champ de Mars, le boulevard Saint-Pierre ne longent pas un désert mais des résidences et maisons, des hôtels, un parking public, un parc, des places de stationnement, des petites rues perpendiculaires qui permettent d’accéder au centre.

Alors il fait comment l’automobiliste même vigilant, même prudent, même avec les yeux sur les rétroviseurs et la main sur le clignotant pour ne pas couper la route aux cyclistes quand il doit absolument tourner ? À moins de s’offrir plusieurs tours de Colmar dans l’esprit de R. Devos ?

Les pistes cyclables sur les trottoirs ce n’était pas une bonne idée, mais alors là... Pourquoi cette précipitation ? À quel prix ?

Discriminations raciales

Arièle Butaux

Mon père, ce métèque
 

Le sujet occupe les médias et me reviennent en mémoire quelques images d’enfance. Mon père dans le métro, me lâchant la main pour montrer une énième fois ses papiers d’identité. À chaque fois qu’il sortait sa carte barrée de tricolore, il disait en rigolant au policier : « Vous voyez, je suis fonctionnaire comme vous ! » Mon père était Normalien, professeur d’université et chercheur en physique atomique, c’est-à-dire qu’il était au moins à moitié moins con que ceux qui lui cherchaient des noises en raison de son teint basané. Le délit de faciès dont il était victime tournait toujours à son avantage : il ne se sentait pas insulté par les imbéciles que, d’un rire ou d’une boutade, il renvoyait au bac à sable. La tête dans les étoiles, il continuait sa route, ayant déjà oublié l’incident. En revanche, ce qu’il acceptait pour lui-même avec philosophie le rendait furieux et prêt au combat dès que d’autres en étaient victimes. Sa mobilisation pour Angela Davis, pour ne citer qu’elle, l’occupa des années durant.
Un jour - j’avais dix ans - un type a traité mon père de sale métèque. Comme ça. Gratuitement. Il cherchait la bagarre, c’était évident, et je m’accrochais déjà à mon père avec terreur et désespoir lorsque j’entendis son rire, son merveilleux rire puis sa voix, bienveillante et moqueuse. « Métèque, si vous voulez et j’en suis même fier ! Mais sale, je trouve que vous exagérez ! »
Mon père aurait dû partir en Algérie au moment de ce qu’on appelait « les événements ». Alfred Kastler, prix Nobel de physique, se fendit d’une lettre au président de la République pour tenter d’éviter cela à son brillant disciple. Mon père resta à Paris, auprès de ma mère, de mon frère aîné lourdement handicapé et de ses chères études.
Si mon père était parti en Algérie, je n’aurais jamais vu le jour. « Je me serais fait tuer plutôt que de tuer » disait-il. Et ceux qui le connaissaient savaient que c’était vrai.
De quelle origine était mon père au teint basané, aux cheveux et yeux noirs, à qui les arabes parlaient spontanément en arabe, les grecs en grec, les espagnols en espagnol et les policiers en aboyant ? Il était français, avec un peu de sang espagnol transmis à la famille grâce aux frasques d’une aïeule dont je n’ai jamais su le nom, ni même si elle avait vraiment existé. Quelques gènes facétieux pour une belle gueule de métèque, trois fois rien pour vous rendre à jamais suspect au regard des autres.
Arièle Butaux