Michel Spitz
Un symbole de réconciliation
L’église du Souvenir/Gedächtniskirche devant laquelle s’est déroulé l’horrible attentat de décembre 2016, symbolise la volonté de reconstruction des Berlinois, aujourd’hui érigée en mémorial de la guerre. À cause de sa silhouette hors du commun, elle est surnommée « Der Hohle Zahn » (la dent creuse) par les Berlinois. L'ensemble est composé non seulement de ruines de l'église détruite pendant la guerre, mais aussi d’interventions contemporaines. Elle donne à voir un contraste vivant entre architecture moderne et Histoire. Le bâtiment moderne, composée d'éléments de béton alvéolaire dans lesquels des briques de verres ont été insérées, est construit entre 1959 et 1961 d'après les plans d'Egon Eiermann.
Le monument cultive un lien avec la cathédrale de Coventry en Angleterre, détruite à la même époque par des bombardements nazis et consacrée le même jour, soit le 25 mai 1962.
À l'intérieur de la nef octogonale, les briques de verre colorées de Chartres insérés dans les cadres en béton créent une lumière bleue intense et un calme méditatif. Cette symphonie en bleu, couleur de la paix, parsemé de rouge qui symbolise la joie est une œuvre majeure du maître verrier français Gabriel Loire (1904–1996). Jacques Loire se souvient bien de ce projet gigantesque de 2.500 m² réalisé par son père, Gabriel, et mené sur plusieurs années : « C'est en regardant les vitraux de la cathédrale de Chartres qu'il a eu l'idée de faire, là-bas, un ciel étoilé. Ce bleu, tourné vers l'Allemagne de l'Est, était aussi un signe de paix. » Deux années de travail ont été nécessaires pour fabriquer ces vitraux, transportés en camion jusqu'à Berlin : « Je sais qu'il était très fier de réaliser ce travail, et c'est toujours une référence importante. »
