Benoît Kuhn
Maintenons la pression pour l’Alsace
On vit une époque fantastique ! Le microcosme administratif et politique parisien qui a conduit la France à la faillite et maintenant au chaos récuse ou retarde toute proposition de changement de gouvernance au prétexte qu’il y a d’autres priorités. Ils et elles « sont occupés à trouver des solutions pour le pays et à lui donner un budget, les préoccupations identitaires étriquées n’ont pas de place dans un moment aussi grave». Certains n’hésitent pas à froncer les sourcils, et foudroient du regard ces manants qui essaient de les distraire de leurs tâches. Un cas classique de pyromanes qui se prétendent pompiers.
Ne nous laissons pas intimider par des discours creux, rappelons trois évidences. Le gouvernement centralisé de la France est obèse et inefficace : il résout de moins en moins bien les problèmes concrets du pays, ne répond plus aux attentes de la population, et les Français en sont conscients comme l’indique un récent sondage (voir article ci-dessous). Politiquement, les Français sont partagés en trois camps à peu près de même taille et antagonistes, incapables de s’entendre entre eux : droite nationaliste et populiste, droite modérée et centre, gauche et extrême-gauche. Ajoutons les divisions et ambitions personnelles à l’intérieur de ces mêmes camps et nous arrivons à la situation d’impuissance actuelle où aucun travail de réflexion, aucune proposition n’émane des partis nationaux, et où les élus ne pensent qu’à une chose : se positionner pour la prochaine élection. Ne perdons pas de temps à les critiquer : on a la classe politique qu’on mérite dans ce pays tel qu’il est organisé.
Une dissolution ne changera rien, l’effondrement probable du centre ne suffira pas à garantir une majorité ni au RN ni à la gauche. Même l’élection présidentielle risque de nous donner un « Macron bis », un président centriste faible qui ne retrouvera pas de majorité au Parlement. Pour en sortir, il faut trancher le nœud gordien, c'est-à-dire réformer nos institutions en les clarifiant et les simplifiant. D’abord acter le retrait de l’État central de ce qui n’est pas régalien et transférer aux collectivités territoriales des responsabilités accrues d’adaptation et de mise en œuvre des politiques nationales : santé, éducation, aménagement du territoire. Ensuite faire de ces collectivités de vrais acteurs, pas des « machins bureaucratiques », en les reconnectant aux territoires (on pense évidemment aux grandes régions) et en leur donnant une autonomie de gestion avec des ressources fiscales identifiées (et pas juste des subventions de l’État central calculées selon des formules absconses et déresponsabilisant les intéressés).
On voit que le cas de l’Alsace n’est pas une distraction locale, il est juste emblématique de la situation nationale et des besoins du pays. Se battre pour une collectivité unique alsacienne avec des compétences accrues, c’est aussi se battre pour la France : continuons le combat !
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