Edouard Dabrowski
Ah le tourisme ! En fait, c'est le tourisme de masse qui pose problème. Sous les mandats de Gilbert Meyer il a pris des proportions allant jusqu'à la surdose. Et Éric Straumann ne s'est jamais caché de vouloir continuer la politique de son prédécesseur. Tout au plus avait-il envisagé de supprimer les portants qui encombrent l'espace public devant les boutiques pour touristes, c'était une promesse de campagne. Résultat : il y en a toujours autant que sous l'ère Meyer. Les "décorations" kitchissimes qui dénaturent les façades historiques, transformant le centre-ville en disneyland, ne sont toujours pas enlevées, malgré la loi les interdisant, les commerçants concernés préférant payer l'amende infligée par l'architecte des bâtiments de France plutôt que de se conformer à la loi. Mais peut-être y a-t-il prescription ? On pourrait imaginer dans ce cas des mesures coercitives pour mettre les récalcitrants au pas.
La liste serait bien longue à faire, de toutes les nuisances qui empoisonnent la vie des Colmariens vivant dans le centre-ville. Malgré des aménagements à la marge, notoirement insuffisants et les hochets destinés à calmer les résidents exaspérés, aucune mesure sérieuse n'a été prise pour enrayer l'invasion touristique. Jusqu'à ces derniers temps, le maximum a toujours primé sur l'optimum, on se souvient de l'espèce d'hystérie collective qui s'était emparée de l'office de tourisme, de la municipalité et évidemment des commerçants flairant la poule aux œufs d'or, dans la course aux labels divers et variés, tout était bon à prendre pour faire "rayonner" Colmar dans le monde entier. Aujourd'hui, ceux qui sont à l'origine de cette débâcle, récoltant ce qu'ils ont semé, préfèrent faire profil bas, c'est pas moi M'sieur, c'est la faute à Instagram ou à la Région, et puis c'est partout pareil et même pire, d'ailleurs vous ne pouvez que vous taire puisque vous faites aussi du tourisme et patati et patata.
Comme toujours, à l'approche des municipales, les politiques de tous bords vont soudain (re)découvrir qu'une ville c'est aussi ses habitants. Ils vont entonner leur refrain habituel de la manne touristique indispensable à la prospérité de la ville – et comment donc faisait Colmar avant ? – mais que bien sûr on n'oublie pas les résidents. Hypocrisie et enfumage.
Colmar est foutue.