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30 octobre 2025

Eric Vial
28/10/2025

Vous avez droit à la vérité : c’est l’austérité !


Le modèle social français va prendre du plomb dans l’aile.
Le syndicat Force Ouvrière vient d’analyser, avec ses experts reconnus, le Projet de loi de finances (PLF) pour 2026.
Leur conclusion est sans équivoque : « En 2026, une véritable saignée se prépare pour les services publics et la Sécurité sociale ».
 
• Baisse des crédits ministériels de l’État à l’exception des dépenses militaires (+13 % par rapport à 2025), de la charge d’intérêts (+15,4%) et de la contribution à l’UE (+26 %).

• Suppression de 3119 emplois de l’État, des opérateurs et des caisses de Sécurité Sociale.

• Réduction des aides à l’apprentissage et autres dispositifs d’insertion ainsi que des économies sur le compte personnel de formation (CPF) pour un montant de 2,5 Mds d’euros.

• Diminution des crédits du logement de 0,9 Md d’euros avec une baisse des subventions à la rénovation thermique et le gel des APL.

• La mission « solidarité, insertion et égalité des chances » verra ses crédits diminuer de 0,8 Md d’euros, principalement liée au gel des prestations sociales.

• En outre, les coupes concernent l’aide au développement (0,7 Md d’euros), les sports et la jeunesse (0,3 Md d’euros), la culture (0,2 Md d’euros).

• Le budget prévoit le gel des dotations et la rationalisation des coûts pour de nombreuses agences de l’État (France Télévisions, Radio France, Opéra de Paris, BnF, Chambre de Commerce et de l’Industrie, ANAH, France Compétences, OPCO, etc…). Il s’agit de préparer à la privatisation voire à la suppression d’un tiers d’entre elles.

• Les collectivités, pourtant déjà à l’os pour la plupart d’entre elles, se verront prélever 2 Mds d’euros de recettes dans le cadre du DILICO (prélèvement de recettes des collectivités puis reversement à condition qu’elles réduisent leurs dépenses).

La facture de la politique d’austérité est présentée aux salariés, retraités et demandeurs d’emploi.

L’objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) est limité à 1,6 % de croissance en 2026, bien loin de l’évolution des besoins. Par conséquent, le système de santé devra consentir à 7 milliards d’euros d’économies et à une série de contre-mesures sur le dos des patients.
Le PLF prévoit une « année blanche », c’est-à-dire le gel de toutes les prestations sociales, sans exception (RSA, AAH, prime d’activité, allocations familiales), du barème de l’impôt sur le revenu, du point d’indice et des pensions de retraites.

Les retraités subiront la double peine avec en plus, un abattement forfaitaire de 2000 € sur les pensions de retraite pour un célibataire et de 4000 euros pour un couple. Ces mesures brutales et injustes amputeront le pouvoir d’achat de millions de ménages, en particulier des plus modestes.

• Selon les estimations de l’OFCE, près de 10 millions de ménages retraités verraient leur revenu disponible diminuer de 350 euros en moyenne.

• Les 15 millions de ménages salariés subiraient quant à eux une baisse d’environ 70 euros par ménage, tandis que les 2,4 millions de ménages d’indépendants perdraient environ 100 euros par personne.

Les grandes fortunes et les entreprises protégées.
 
Depuis 2017, les déficits et la dette n’ont cessé de se creuser du fait d’une chute inédite des recettes et non d’une supposée « dérive » des dépenses. Or du côté des recettes, les grandes fortunes restent largement exonérées. Certes la « contribution différentielle sur les hauts revenus » est prolongée mais c’est un effort mineur demandé aux foyers fiscaux déclarant plus de 250 000 euros de revenus annuels pour une personne seule. Cette contribution ne rapportera qu’1.5 Md d’euros en 2026.

La taxe dite Zucman ayant suscité une vive opposition, le PLF lui préfère une taxe de 2 % sur le patrimoine des holdings tout en s’assurant d’exonérer l’essentiel du patrimoine financier (actions de sociétés, capital investissement, liquidités sur cessions de titres…), et de l’immobilier de bureaux. Cette pseudo taxe concernera 4000 ménages pour un rendement attendu au mieux de 0,9 Md d’euros, loin des 15 à 20 Mds que pourraient générer la taxe Zucman, dans ses chiffrages les plus optimistes.

Non contents de sanctuariser les aides et cadeaux fiscaux accordés aux entreprises, le PLF ajoute même de nouvelles baisses d’impôts. Un abaissement de moitié de la « contribution exceptionnelle sur les bénéfices » instaurée en 2025. Le taux de surtaxe à l’impôt sur les sociétés sera divisé par deux pour les entreprises dont le chiffre d’affaires en France dépasse 1 Md d’euros. Le rendement prévu est de 4 Mds d’euros en 2026, soit moitié moins qu’en 2025.
 
• Une baisse du taux de CVAE passant de 0,28 % à 0,19 % pour 1,3 Md d’euros de recettes en moins, en attendant sa suppression programmée en 2028.
Pas question, non plus, de toucher aux aides aux entreprises, dont le montant évalué par le Sénat s’élevait à 211 milliards d’euros en 2023.
 
Un pouvoir d’achat en berne.

Par ailleurs notons des impôts et cotisations supplémentaires dont certains viendront diminuer le pouvoir d’achat des salariés et retraités :

• La suppression de l’abattement proportionnel de 10 % sur les pensions de retraite en le remplaçant par un abattement forfaitaire de 2000 euros pour un célibataire et 4000 euros pour un couple. Les retraités déclarant plus de 20 000 euros annuels de pensions devraient subir une augmentation d’impôt non négligeable (hors prise en compte éventuelle d’autres revenus).

• La fiscalisation des indemnités journalières pour maladie versées au titre des ALD (0,7 Md d’euros), ce qui revient à réduire le remboursement des maladies chroniques.

• La suppression des réductions d’impôts pour enfants scolarisés ou la fiscalisation des jobs étudiants. Concrètement, pour un couple marié avec deux enfants à charge (revenus déclarés de 62000 euros annuels et salaire d’un enfant étudiant à charge de 2700 euros l’impôt sera ainsi majoré de l’ordre de 580 euros !

• Une « participation exceptionnelle » des organismes complémentaires (1 Md d’euros).

• Une nouvelle contribution employeur de 8 % sur les compléments de salaires : titres restaurants, chèques vacances, chèques cadeaux et autres avantages financés par le CSE pour un rendement attendu de 1,2 Md d’euros affecté à la sécurité sociale.

• Une augmentation de 10 points des contributions employeurs sur les indemnités de ruptures conventionnelles et les indemnités de mise en retraite.

• Une taxe de 2 euros par article sur les petits colis inférieurs à 150 euros pour faire face à la concurrence des plateformes.

• D’autres niches sont dans le viseur : réduction de l’ACRE pour les auto-entrepreneurs, de l’exonération pour le développement économique des Outre-Mer, suppression de l’exonération dont bénéficiaient les apprentis, réduction du crédit d’impôt jeunes entreprises innovantes.

Dans son communiqué, FO dénonce « l’objectif de redressement brutal des finances publiques ne pouvant que conduire à une nouvelle dégradation de nos services publics et du modèle social. Il risque, en outre, de plonger l’économie française dans la récession, sans réussir à résorber les déficits publics qu’il prétend combattre ».

Ce projet de loi de finances a pour objectif de réduire les dépenses publiques et sociales pour se conformer aux engagements européens. La France s’est engagée à ramener son déficit public sous les 3 % en 2029, et à stabiliser son niveau de dette publique, soit un effort nécessaire compris entre 112 et 127 milliards d’euros. Le respect de ce programme sans précédent équivaut à remettre en cause le modèle social français.