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29 août 2023

Sauvegarde du Patrimoine Colmarien ASPC

L’ALSACE AU FIL DE l‘EAU
Volet 1 : le métier de lavandière
 
L‘eau a influencé les paysages, l’économie et l'essor de l‘Alsace à travers les siècles. Elle a permis l’existence d'une flore et d'une faune hors du commun.
C’est aujourd’hui un patrimoine précieux dont il faut savoir préserver l’équilibre.
L‘eau est aussi source de métiers et d’activités diverses...

Et si nous parlions des lavandières

Au XVIIIe et XIXe siècle, les villes du bassin rhénan sont prospères grâce aux nombreux négociants et industriels, la main d’œuvre est très présente.
La bourgeoisie locale habite des demeures proches des cours d’eau, avec un personnel de maison important : cochers, cuisinières, lingères et lavandières, les maisons en bordure de rivière disposent d'un lavoir protégé des regards au fond des jardins de chaque propriété.
Au XIIe siècle, la lessive du gros linge s’effectue une fois par an, après Pâques. Plus tard, au début du XIXe, on effectue les "grandes lessives" ou "grandes buées" au printemps et en automne. Le linge est préparé et trempé dans les buanderies, pendant une journée, puis transporté au lavoir dans des charrettes, pour être rincé.
Dans les familles aisées, on compte une moyenne de 70 draps, autant de chemises, des dizaines de mouchoirs et de torchons, pas étonnant qu'il soit nécessaire d'avoir un trousseau volumineux. Cela représente un travail de trois jours avec les différentes étapes.
Les familles les plus aisées font appel aux lavandières, qui sont des laveuses professionnelles.
Souvent, les grandes buées durent plusieurs jours, il y a un chaudron pour faire bouillir le linge, une caisse où les femmes sont agenouillées pour savonner et rincer. Les femmes s'installent souvent face à face pour papoter, les commérages de quartier vont bon train.
Les lavandières sont souvent des mamans, les enfants les rejoignent après l'école, pour aider à porter les baquets chargés de linge mouillé ou aussi pour livrer le linge lavé chez les clients.
Chaque lavandière a ses propres clients, notables et commerçants de la ville et a sa place réservée sur ce lieu de travail. Ces femmes sont bien courageuses et emportent même une hache pour défoncer la glace en hiver.
On fait tremper le gros linge la veille, pour un premier décrassage, puis on chauffe l'eau pour la faire couler bouillante dans un baquet de bois posé sur un trépied où l'on a soigneusement ordonné le linge, par couches. Au-dessus, un gros drap est couvert de cendre (épaisseur d‘un poing) qui sert de lessive. Vers 1910-1920, les lavandières utilisent des cristaux de soude et des paillettes de savon.
À Strasbourg, l'eau courante à l'évier se généralise dans les années 1930-1935, bien que la ville soit alimentée en eau potable dès 1892. De plus, la loi du 27 octobre 1919 encourage toute construction du début du XXe siècle à être équipée d'une buanderie et d'une zone de séchage (souvent au grenier). En Alsace c'est le cas dès 1875, dans tout type de construction, excepté les vieux quartiers en hyper centre dans les villes.
Ceci, combiné à l'arrivée du lave-linge à partir des années 1950, fait disparaître peu à peu ce métier.
Longtemps laissés à l’abandon, beaucoup de lavoirs ont été détruits. Ceux qui subsistent ont été restaurés, tel un petit patrimoine, et sont aujourd’hui le théâtre d'animations historiques ou culturelles diverses, l'occasion de faire revivre, le temps d‘une journée, le savoir-faire des lavandières.
ASPC
Photos Jean-Paul Krebs, Daniel Sigaud, Pinterest, Collection personnelle









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20 août 2023

[Patrimoine]

PLACE DE LA CATHÉDRALE : SARCOPHAGES DE L’ÉPOQUE MÉROVINGIENNE

En 823, il y a 1200 ans, le nom de Colmar est cité pour la première fois sur un document écrit, du mot latin qui veut dire colombier.
Le Niederhof, un terrain délimité par les actuelles rues Mercière, de l‘Église, Grand-Rue et rue des Marchands, appartient à l’évêque de Constance. Nous sommes au cœur de la ville.
L’archéologie et les textes témoignent de l’existence d‘une grande église antérieure, là où se situe actuellement la collégiale St Martin. (Au XIIIe siècle, Colmar devient une ville. Dès 1212, les habitants de Colmar sont dits bourgeois et le premier rempart est construit en 1220.)
Du côté nord de la place de la Cathédrale, tout près du Muhlbach, se trouve le cimetière de l‘Ölberg (le mont des oliviers), c’était le cimetière des bourgeois et des notables.
À l’emplacement de la collégiale, se trouvait à l’origine une chapelle, édifiée au IXe siècle, lorsque l’abbaye de Munster reçoit ce terrain en donation (le premier écrit mentionnant le nom de Colmar).
Plus tard, au XIe et XIIe siècle, un grand édifice des époques ottonienne et romane précède l’église actuelle.
En sont témoins les deux sarcophages découverts entre mai et septembre 1972, lors des fouilles archéologiques menées avant l’installation, en sous-sol, d‘un nouveau chauffage central de la collégiale.
Longs de 2,10 mètres et larges de 0,60 mètres, ils sont en grès et possèdent une dalle taillée de 15 cm d’épaisseur.
Les deux sarcophages sont installés à l’automne 1972, à l’extérieur de la collégiale, du côté du cimetière de l‘Ölberg, et sont les témoins de l’époque mérovingienne en ce lieu.
Il y a peu, il restait encore un sarcophage au bord du Muhlbach, côté nord de la place, cf photo.
Aujourd’hui, il a disparu, pourtant il avait trouvé sa place, cet objet rare et précieux, visible de tous et pourtant oublié par l’Église et la municipalité.
Il a été donné à l‘INRAP, vu le peu d’intérêt qu‘il représentait et qu‘il se trouvait dans un mauvais état, que personne ne le remarquait, pourtant un sarcophage du XIe siècle ! Il lui manquait peut-être un panneau expliquant son histoire, étroitement liée à l’origine de la ville.
Dommage.
ASPC
Sources : articles de presse 1972 (archives municipales)
Photos privées : merci à Anne
Plan ville XI-XIIe siècle, archives municipales




31 juillet 2023

[Patrimoine]

LA RUE DES MARCHANDS ET LE FER ROUGE, volet 1
 
La rue des Marchands est citée dès le XIVe siècle, sous le nom de Schädelgasse (rue des crânes), certainement dû à la proximité d’une chapelle ossuaire à l’emplacement du Corps de Garde.
En 1783, elle prend son nom actuel, traversant d’Ouest en Est le cœur de la ville, elle fait partie des plus anciennes rues de Colmar. On y trouve plusieurs bâtiments emblématiques, témoins prestigieux de l’histoire de la ville. Aujourd’hui, nous vous invitons à traverser cinq siècles avec le numéro 27, qui abrite aujourd’hui une magnifique brasserie, le Fer Rouge.
Le bâtiment arrière est construit en 1470, le bâtiment qui fait l’angle avec la Grand’Rue en 1486, ainsi qu’une extension en 1515. Ces bâtiments abritent des locaux professionnels au rez-de-chaussée, du stockage en cave et grenier, et des habitations en étage. La rue des Marchands se situe au cœur d’un secteur constituant le poumon économique et commerçant de la ville à la fin du Moyen Âge, la construction de ces bâtiments est donc certainement en relation avec les activités du Koïfhus, nous sommes ici à l’intérieur du périmètre fortifié dès la moitié du XIIIe siècle.
On est proche de l’église St Martin et de l’ancien couvent des Augustins (début XIVe siècle) et l’activité commerciale et marchande se trouve dans ce secteur. On trouve, au XIVe et XVe siècles, le marché aux draps, les étals des boulangers et des bouchers, le marché aux poissons, le grenier à grains, plusieurs moulins (d’où le nom de Mühlbach pour le cours d’eau tout proche)... de plus, les bâtiments font partie d’un « îlot », anciennement appelé Salzkasten (coffres à sel ) entre 1362 et 1480. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’îlot est composé de six maisons.

Le Fer Rouge en quelques dates :

• 1840 : Salon de coiffeur / parfumeur au 52 Grand’Rue
• 1893 : Destruction des trois maisons au sud de l’îlot
• 1895 : J-C Chomat ouvre au 27, rue des Marchands, une fabrique de fleurs en perles.
• 1895 : Ouverture du café « Zum grünen Wald » au 52, Grand’Rue
• 1927 : Reprise du café qui devient café de la Victoire par Camille Deybach
• 1947 : Paul Gassmann devient propriétaire Grand’Rue et ouvre un restaurant, le Fer Rouge qui s’étend au 1er étage.
• 1961 : Paul Gassmann achète l’immeuble à l’arrière et (presque) mitoyen, au 27, qui appartient à la ville.
• 1962 : Transformation intérieure, percée des murs mitoyens, agrandissement du restaurant au rez-de-chaussée, installation de la cuisine et des sanitaires en étage. Exploitation de l’épicerie Sadal côté rue des Marchands.
Le Fer Rouge doit son nom au passage de la ligne rouge du tram, on appelle alors communément ce moyen de transport : le Fer.
On trouve encore aujourd’hui des vestiges des fixations des câbles du « Fer » sur la façade côté Grand’Rue.
• 1971 : Paul Gassmann est malade et transmet la succession de son restaurant à la famille Fulgraff, des amis qui pratiquent une cuisine alsacienne et bourgeoise comme lui. Ils ont perdu leur restaurant dans un terrible incendie en décembre 1962, le restaurant du Musée rue Kléber.
Plus tard, leur fils Patrick exploite l’auberge jusqu’en novembre 2006, c’est à ce moment-là un restaurant étoilé qui ferme ses portes.
La suite bientôt : l’histoire d’une rénovation réussie, une véritable métamorphose.
ASPC
Crédit photos : collection privée
Merci également à Alain

L’entrée de la rue des Marchands en 1962, à gauche en premier plan , le Fer Rouge

En 1915, les deux bâtiments sont séparés par une petite impasse, qui permet l’évacuation des eaux usées vers les rigoles. La fabrique de fleurs en perles, ouverte en 1895 par J-C Chomat est toujours en fonction, plumes et fleurs fines en accessoires de mode, fleurs et bonbons d’oranger, parures de mariées, couronnes de première communion...

Dans les années 1930, au centre la bijouterie de Mr Baer dont la statue en forme d’ours, en clin d’œil à son nom, est toujours visible aujourd’hui. Il est à noter que le bâtiment mitoyen à gauche a été sérieusement transformé depuis (arcades), cf photo suivante de 1947.

En 1947, la famille Gassmann donne un nouveau souffle à ce lieu incontournable en agrandissant le restaurant à l’étage et en exploitant la nouvelle épicerie SADAL

Le président de la République Georges Pompidou en visite officielle à Colmar (27 juin 1970).

13 février 2023

Michel Spitz

Les vestiges les plus importants des fortifications du Moyen Âge de Colmar - rasées en 1673 sur l'ordre de Louvois. Conservé sur une longueur d'environ 100 mètres, le mur d'enceinte longe la Lauch. Construction en briques, sur socle en pierre de taille. Sa hauteur actuelle est d'environ 5 mètres. La crête, refaite, est protégée par des tuiles. Deux étages de meurtrières, percées dans des blocs de pierre encastrés dans le mur. Vestiges de deux tours carrées : l'une, vers la rue des Tanneurs, a été transformée, ultérieurement, en habitation, un étage en pans de bois ayant été construit sur sa partie inférieure, conservée. L'autre, à environ 50 mètres de distance, n'a également conservé que la partie inférieure, faisant saillie sur la face du mur.
Au fond, le quartier des Tanneurs est constitué de hautes maisons à pans de bois et à colombages qui datent pour la plupart des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces immeubles abritaient autrefois des familles de tanneurs qui y habitaient, y travaillaient et y faisaient sécher leurs peaux au dernier étage, le plus souvent ajouré. Le quartier des Tanneurs fut l’objet d’un vaste programme de restauration entre 1968 et 1974 qui redonna son éclat à ce village au cœur de la ville. Ce quartier qui devait être rasé – et avait été vidé de beaucoup de ses habitants – a été remis en état grâce à la loi Malraux du 4 août 1962. Maisons à pans de bois discrètement colorées, ruelles pavées, échoppes et enseignes. Les travaux ont été réalisés par une société d'économie mixte de la ville, la Société immobilière de construction de Colmar et environs (SICCE).