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11 mars 2021

Stationnement

Nicolas PINOT
DNA - 11/3/2021

Colmar : les horodateurs gagnent du terrain

Ils ont bourgeonné partout. Ils cristallisent les haines, nourrissent les craintes, alimentent les rumeurs. De nouveaux horodateurs viennent d’être installés dans le secteur de la gare et proche du centre-ville.

Les horodateurs ont poussé comme la mauvaise herbe, diront certains. Rue Saint-Guidon, Saint-Josse, Schwendi, des Lavandières, des Américains ou boulevard Saint-Pierre, les ultimes bastions de la gratuité en centre-ville n’ont pas résisté à la dernière refonte de la politique de stationnement.

Les dents grincent, surtout sur Facebook : « On veut vider Colmar de ses habitants », « ils grattent tout ce qu’ils peuvent » et surtout « où vont se garer les riverains ? » figurent au hit-parade des lamentations.

C’est bien le sacro-saint macaron qui va remettre un peu d’ordre dans les esprits

Certains ont tout de même noté que la mesure est de nature à évacuer les voitures-ventouses, chienlit des trottoirs, notamment du côté de la gare où, peu à peu chassés de son périmètre immédiat, les usagers des trains ont pris leurs quartiers un peu plus loin, notamment vers la cour d’appel.

Las, l’avenue Poincaré est, elle aussi, devenue payante et depuis le fleurissement des horodateurs, les voitures ont disparu de la surface du bitume.

« C’est justement parce qu’on pense aux Colmariens qu’on leur permet de stationner pour 15 € par mois au lieu de 8 € la journée pour un touriste », répond à qui veut l’entendre le conseiller Tristan Denéchaud sur Facebook. C’est bien le sacro-saint macaron qui va remettre un peu d’ordre dans les esprits. Il ne garantit pas de trouver une place, mais il assure de ne pas se faire verbaliser.

Quant aux supposées rentrées d’argent supplémentaires dans les caisses de la Ville, « la nouvelle politique, avec la baisse des tarifs résidents à 15 €, le forfait salarié, la gratuité aux professionnels de santé, le forfait journée à 3 €, ne rapportera pas plus de recettes que l’ancienne », assure-t-il.

Sur le terrain, les usagers sont moins heureux. « Quand on gagne 1 200 € par mois, payer près de 150 € de stationnement par mois n’est pas viable », dit cet employé d’une institution implantée près de la gare. « On doit rester là huit heures par jour, cela fait 35 € de stationnement à payer par semaine. Alors maintenant, on se gare encore plus loin, on fait le reste du trajet à pied et on affronte la pluie ».

Un autre salarié, agent de surveillance, ne mâche pas ses mots : « Nous sommes des vaches à lait. Je n’ai plus aucune confiance en les politiques. Ici, ils n’aiment que les touristes. Pourquoi ne pas nous avoir laissé quelques endroits gratuits ? ». Une riveraine de l’avenue Poincaré s’immisce dans le débat : « Faciliter le turn-over des voitures, ce n’est pas un argument. Car ici dans le quartier, les gens se garent pour aller travailler donc ils ne restent qu’une journée. Et c’est devenu une vraie difficulté pour eux. Et ceux qui prennent le train, ils se garent encore plus loin ». Par exemple, rue Castelnau où dégotter une place est devenu nettement plus ardu.

Le mystère, c’est : où sont passées toutes les autres voitures ?

Sylvaine, qui vit rue Turenne, estime quant à elle que la municipalité « ne tient pas compte des riverains. C’était déjà le cas avant et là c’est encore pire ». C’est une des raisons qui la poussent à quitter le centre-ville. Pour elle, le macaron est « un faux-semblant. Je suis au chômage, je n’ai pas d’argent à mettre là-dedans ». Elle gare désormais sa petite citadine rue Reubell, le boulevard Saint-Pierre étant payant. « Pour l’instant j’y trouve encore de la place, peut-être que tout le monde n’a pas encore compris que le boulevard est payant. Mais il est évident que ceux qui veulent rester ici vont devoir s’organiser avec le macaron ».

Eric, de la rue Saint-Guidon, s’est converti à l’abonnement. « Au moins les tarifs ont baissé. 15 € par mois, pourquoi pas ? Avant il fallait tourner une plombe pour trouver une place. Ce soir, il y avait quatre voitures dans la rue (pour 54 places, ndlr ). Le mystère, c’est : où sont passées toutes les autres voitures ? » Lui qui n’est pas très smartphone déplore « la dictature numérique. Je vais emmener un chèque à la mairie et j’espère qu’ils vont me le prendre, ça n’est pas avec mon vieux Nokia que je vais télécharger l’application ! »

« On est en première ligne »

Pendant ce temps, la pose de la mention « payant » au sol des rues colmariennes va bon train. Le marquage des emplacements est d’abord repris avec une résine à froid mêlée à de la peinture. Puis une à une, les lettres sont appliquées sur le bitume après une rigoureuse prise de mesures, avant d’être chauffées au chalumeau pour une meilleure pénétration dans le sol.

Les réclamations des riverains, ils en ont l’habitude. « On est en première ligne, on se prend les premières foudres », soupire ce jeune employé municipal à la descente du fourgon. Mais il n’a guère le temps de tergiverser. « On mesure, on dépose, on chauffe. Un payant, c’est dix minutes maximum alors en une journée, imaginez combien on en pose ! »


- Les communiqués de la mairie -

Jobs été : on postule !

Si vous êtes étudiant et que vous cherchez un job pour l’été, c’est le moment de postuler ! La Ville de Colmar et Colmar Agglomération proposent des emplois saisonniers pour les mois de juin, juillet et août. Les candidatures sont à envoyer avant le 14 mars. À vous de « jouer » !

Pour postuler : rendez-vous sur la plateforme Colmar & moi : eservices.portail.colmar.fr



Fabien Nierengarten

Ce matin, je suis grave en colère. En effet, je veux pousser un gros coup de gueule pour la légalisation...oups, pardon...pour la défense du H, cette lettre si injustement maltraitée par la langue française depuis de trop nombreuses années.
 
Le problème, c'est que depuis sa naissance dans notre alphabet, quelque part entre le point "G" et l'instant "iiiiii, chériiiiii", le H doit parfois être "aspiré" (même quand il n'est pas fumé). Du coup, il est souvent mal "digéré" par nos compatriotes, surtout originaires du mauvais côté des Vosges.

On a tous déjà connu le fameux "Karlsruhe", devenu dans la bouche de nombreux dyslexiques parisiens, le terrible "Karlschrou". Ou encore, le sympathique "Maastricht", qui a soudainement été traité de "Maastritschhhh" résonnant encore aujourd'hui dans nos oreilles, comme un tonitruant éternuement. Et je ne vous parle même pas du "Col de la Schlucht" qui, dans la bouche d'une ancienne collègue, ressemblait à une montagne située sur Mars ou sur Saturne.

Eh ben voilà que ce matin, un certain docteur Richard Hanschuh a soudainement été rebaptisé par une chaîne d'info nationale, "docteur Handschousche" (non, non, pas Anschluss). Allez, pour se consoler, on va dire que c'est un nom qui lui va...comme un gant. Exchellente chournée à tous !!!



10 mars 2021

Association Espoir - Les Ateliers du CAVA

Le restaurant d’Espoir vous propose un Couscous Royal à emporter le MERCREDI 17 MARS. Plats à retirer entre 11h30 et 12h au restaurant puis de 13h30 et 17h au salon de thé (au centre du magasin).
Tarif : 11€ la part – salade de fruit en dessert incluse.
Commandez directement via le mail : csva@association-espoir.org
ou par téléphone au 07.68.53.48.20 avant le LUNDI 15 MARS 16h.
N’hésitez pas à faire passer l’information autour de vous !




Dessin de Plantu / Le Monde 3/3/2021

9 mars 2021

Boris Cyrulnik : "On va être obligé de changer et de repenser toute la civilisation"

par France Inter publié le 3 mars 2021 à 14h37

Au micro de Claire Servajean, dans l'émission "Une semaine en France", le neuropsychiatre Boris Cyrulnik interroge notre modèle de développement sous le prisme de la crise sanitaire actuelle. Une épreuve qui révèle, plus que jamais auparavant, les paradoxes de notre civilisation.

Extraits :

Pour la quête du bien-être et la quête du bonheur, pendant longtemps, notre culture nous a fait croire qu'on était au-dessus de la nature et que l'homme devait dominer la nature. C'est dans tous les textes sacrés de toutes les religions : l'homme doit dominer les animaux, doit dominer les femmes, les enfants et les hommes faibles et on a composé durant des millénaires avec cette représentation-là.

Ça rendait déjà très malheureux et, surtout, cela nous a conduit à la catastrophe actuelle, car on se rend compte qu'on ne peut pas impunément écraser les autres et qu'il faut respecter un ensemble pour que, nous-mêmes, on soit bien heureux dans cet ensemble.

La civilisation a été trop loin. Par exemple, on consomme beaucoup trop.

On circule beaucoup trop et beaucoup plus vite. Ce sont les avions qui ont transporté le virus. Avant, c'étaient les bateaux. Avant les bateaux, c'étaient les chameaux, même si ça allait moins vite. Techniquement, le chameau moderne, c'est l'avion.

On a été tellement loin qu'on a oublié qu'on n'était qu'un simple morceau de nature, qu'on dépendait de la nature et que, si on abimait la nature, on s'abîmerait avec. 

Lorsque l'on cherche le bonheur à tout prix, on se rend malheureux, car ce processus passe souvent par la consommation à tout prix. Cette recherche du bonheur ne peut pas donner sens à la vie.

Plus l'isolement social perdure plus il sera difficile de s'en remettre. La crise sanitaire et sociale inflige d'importantes conséquences, depuis un an, sur la santé mentale des Français, y compris pour des gens qui semblaient jusque-là à l'abri car l'absence plus longue de lien social a fortement accentué les ressentis psychologiques. Le neuropsychiatre précise que plus on attend, plus la résilience sera difficile.

L'isolement sensoriel est une véritable agression neurologique avant d'être une agression psychologique. On sait maintenant que lorsqu'un être vivant est privé de l'altérité, son cerveau n'est plus stimulé, et si ça dure trop longtemps, on voit apparaître des zones d'atrophies cérébrales.

On a besoin des autres pour devenir soi-même. Notre tranquillisant naturel, c'est une bonne relation, un bon lien. Actuellement, il n'y a plus de lien. Il y a un isolement sensoriel, un engourdissement devant les écrans, un arrêt de la pensée. De fait, on s'adapte à cette situation en s'engourdissant et on voit que les premiers à avoir craqué, ce sont celles et ceux qui, avant même l'apparition du virus, avaient déjà acquis les facteurs de vulnérabilité. Or, maintenant, on voit des gens qui ont acquis des facteurs de protection, et qui se mettent, eux aussi à leur tour, à craquer.

La crise actuelle est une expérimentation tragique qui montre à quel point on a besoin des autres pour devenir soi-même et être bien. Plus la crise dure, plus ce sera dur psychologiquement. Plus tôt on commence à se réadapter, plus la résilience psychologique sera facile. En revanche, si on laisse les gens trop longtemps en isolement, il y aura des anomalies cérébrales qui vont durer… Il faudra travailler beaucoup plus sur le long terme.

On est vraiment à la croisée des chemins : ou bien il y a le chaos social et va survenir un escroc culturel qui va nous dire "Je suis votre sauveur, je sais comment il faut faire, donc votez pour moi". Soit dit en passant, vous remarquerez qu'un grand nombre de dictateurs et de régimes autoritaires ont été élus démocratiquement. C'est possible. Il y a des gens qui y pensent.

Après avoir fracassé notre économie, qu'est-ce qu'on décide de faire ensuite ? On remet en place ce qui a provoqué la catastrophe, ou on cherche à vivre autrement. Alors à ce moment-là, on pourra vivre mieux. On a un choix. On est à la croisée des chemins."