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27 août 2018

Stationnement : le bricolage continue

Il aura fallu neuf mois, la durée d'une grossesse, pour que le maire accouche d'une souris.
Afin de calmer les "excités" du centre-ville qui trouvent excessif le coût du macaron pour résidents, il leur propose désormais d'en diviser le prix par 3, à condition qu'ils aillent se garer en périphérie (!). Pas sûr que la mesure remporte un franc succès, d'autant que les résidents qui n'ont pas de garage ou de place de parking privatif, se garent déjà de plus en plus loin de chez eux, au grand dam des habitants de la périphérie qui se sentent envahis.

Concernant le futur tarif "résident" pour le parking souterrain de la Montagne Verte, c'est le silence radio, les riverains attendent depuis plus d'un an de savoir à quelle sauce ils seront mangés. Si cela peut aider nos têtes pensantes à trouver un tarif raisonnable : Strasbourg propose à ses résidents une place de parking en silo pour 25 euros par mois.

Cette histoire du macaron à 600 euros (le plus cher de France, rappelons-le, même Paris est en-dessous) et plus généralement la gestion du stationnement auront eu le mérite de mettre au grand jour la politique de Gilbert Meyer. Il n'y a rien à espérer de ce maire ni de ses suiveurs, murés dans leurs certitudes, hermétiques à l'innovation, sclérosés par les forces conservatrices. Avec eux il n'y aura pas de changement sinon à la marge.


Des voitures qui nous collent au c... 

Dans son édition du 24 août 2018, L'ALSACE/DNA rapporte les propos de M. Laurent Bonnaterre, maire de Caudebec-lès-Elbeuf et président de l’office de tourisme de l’agglomération de Rouen, en visite à Colmar. M. Bonnaterre fait part de son étonnement à voir autant de voitures dans le centre historique :

« C’était un tweet un peu taquin. Je tiens tout de même à dire avant toute chose que c’est une ville magnifique. Je découvrais Colmar en tant que touriste, mais aussi avec un regard de professionnel du tourisme et j’ai été très surpris par la présence de nombreuses voitures, y compris dans le centre historique. Il y a un endroit où ça m’a particulièrement marqué, c’est devant le marché couvert. On croit qu’il s’agit d’une zone piétonne mais en fait pas du tout ! »

Quelle est la différence par rapport à une ville comme Rouen ?

« À Rouen, la première rue entièrement piétonne a ouvert en 1970. Il y a un plateau piétonnier fermé aux voitures et sécurisé. J’ai aussi été surpris par la sécurisation des rues. Aujourd’hui, dans d’autres villes semblables comme Bordeaux, que je connais bien, ou Strasbourg que j’ai visitée, il y a des plots en béton pour éviter les voitures béliers. Je suis passé dans la rue principale (N.D.L.R. la rue des Clefs), pas à une heure de livraison, il devait être 16 h et il n’y avait rien pour empêcher les voitures de passer. Je trouve ça très léger en termes de sécurité. »

C’est aussi un frein du point de vue touristique selon vous ?

« Je ne suis pas un fervent anti-voiture, mais aujourd’hui on met de plus en plus en avant la notion d’expérience touristique. C’est un point important, et à Colmar quand on se balade, on se demande pourquoi il y a une voiture juste derrière nous, qui nous colle en plein centre-ville. »

Lundi, n’ayant pas eu de réponse à son message, Laurent Bonnaterre a relancé la mairie et l’office du tourisme, toujours sur Twitter. Ce dernier a fini par répondre : « Bonjour, merci pour votre retour suite à votre passage à Colmar. Nous prennons (sic) bonne note de vos remarques ! »


⇨ Prémonitoire, le billet de Dom Poirier paru dans L'ALSACE du 22 août 2018 et qui se termine ainsi :

« (...) Ne faudrait-il pas, pour réellement sortir de l’impasse, piétonniser tout ou partie du centre-ville ? Les places de stationnement y sont déjà rares et coûteuses, et cette initiative serait à l’image de cette douceur de vivre qui convient tant aux Colmariens, et à leurs visiteurs dilettantes. »


⇨ Monsieur le Maire répond à son collègue de Caudebèc-les-Elbeuf. Plutôt que de l'inviter à visiter Colmar autrement, il l'invective dans un courrier franchement agressif. Une fois de plus, le maire ne supporte pas l'opposition. Sans doute Monsieur Bonnaterre voulait le titiller sans agressivité, Gilbert Meyer vit cela comme une attaque personnelle. Un peu comme lorsque les Colmariens pointent les problèmes dans leur ville... Dommage, encore une fois...
VG

22 août 2018

Édito du Point colmarien... coup de colère

Monsieur le Maire de Colmar, 

Gilbert Meyer,

30 Millions d'euros pour les Quartiers Ouest. J'en suis ravi. Mais au-delà des dépenses nécessaires pour la rénovation de cette zone, une fois de plus, le reste des quartiers périphériques (hors centre-ville... il ne faudrait pas perdre ces touristes qui rendent notre ville invivable, à part pour certains commerçants) se retrouvent une fois encore le bec dans l'eau...

Rue de Holtzwihr, par exemple, en mal de stationnement (réponse du maire en 2016 : "les gens n'ont qu'à marcher ou prendre un garage!" facile à dire quand on a un chauffeur et 4000€ par mois de salaire!), le maire a jugé utile de "rénover" une zone de stationnement, à coup de rustine, sans pour autant l’agrandir, laissant un immense terrain vague aux propriétaires de chiens, alors qu'on pourrait y garer facilement 15 voitures. La palme de la communication pouvant être dans la foulée remise, puisque aucun riverain, ni Colmar Habitat, n'ont été informé de cela.

L'état des trottoirs, hors centre, une fois de plus, est à pleurer. La ville est sale, les trottoirs sont jonchés de déchets et autres déjections canines.

30 millions d'euros, c'est bien, mais si les autres quartiers sont délaissés, alors la formidable unité colmarienne que le maire vante s'effritera davantage.

La colère gronde Monsieur le Maire, et les têtes blanches qui vous plébiscitent grâce à vos kougelhofs et autres léchouilles disparaissant au fur et à mesure, vous êtes désormais vu comme un vieux maire autoritaire et dépassé. Ceux qui vous sautent au cou ont votre âge ou ont bénéficié de vos largesses, mais n'oubliez pas de penser aux autres Colmariens, ceux qui ne votent pas pour vous mais qui aiment autant cette ville que vous.

Il est temps de réagir autrement que par le bout de la lorgnette.

23 ans que vous êtes aux commandes, sans parler des 6 années précédentes comme conseiller municipal, ça nous fait donc 29 ans à décider pour les Colmariens, avec des simulacres de conseils de quartiers, des décisions souvent idiotes mais forcément intelligentes puisque vous seul les avez prises. Je ne m’étendrai pas par exemple sur vos sapins roses ou votre futur palace... Ça suffit, soyez plus équitable et à l'écoute. Entendre c'est une chose, mais écouter en est une autre !

Cependant, vous êtes le Maire, encore pour deux ans.

Alors comme je suis respectueux, malgré tout, je vous prie d'agréer mes cordiales salutations.

Vivien GARNIER



"Gilbert Meyer Officiel"

« Nous avons pu constater la diffusion des certains commentaires virulents, remplis de contrevérités et mettant en cause l’action municipale sur telle ou telle question.
Afin que vous puissiez être correctement et pleinement informés, voici les réponses apportées par nos soins sur deux de ces questions :

- à propos de la suppression de certains conteneurs
« aériens » :

o « A côté de l’hôtel 4 étoiles James » : ces containers aériens ont effectivement été supprimés début juillet, une semaine après l’ouverture du site enterré place du Saumon, donc non loin du site initial. Par ailleurs, ce dernier n’offrait aucun confort pour les personnes à mobilité réduite, alors que tous les sites doivent intégrer cet aspect. J’ajoute que les containers aériens initiaux avaient un caractère incontestablement disgracieux à côté d’un hôtel. La solution de substitution, place du Saumon, est de loin préférable.

o Site Kléber – réalisé en 2010. Le site a été supprimé en 2012 suite aux travaux liés au musée Unterlinden. Le site rue Woelfelin a été rénové et agrandi. Un autre site est à l’étude, rue des Clés, à proximité de l’Hôtel de Ville.

L’évolution du nombre de sites depuis 3 ans montre combien la Ville de Colmar et Colmar Agglomération entendent poursuivre leur stratégie visant à développer la solution des conteneurs enterrés.

Début 2015 : 163 sites à Colmar dont 48 en surface et 115 enterrés. Il y avait 249 conteneurs emballages et 182 conteneurs à verre.

Juillet 2018 : 186 sites à Colmar (+14%) dont 38 en surface (-20%) et 148 enterrés (+29%). Il y a actuellement sur le terrain 311 (+25% en 3 ans ½) conteneurs emballages et 204 (+12% en 3 ans ½) conteneurs à verre.

- à propos des tarifs de stationnement :

o le montant du FPS (forfait post-stationnement) s’élève à Colmar à 25€. Ce montant est inférieur à celui mis en place à Strasbourg (35€) et à Mulhouse (40€). Ainsi le FPS colmarien est un des plus modérés des villes de France.

o les Colmariens ayant sollicité auprès de la mairie la délivrance d’une carte de stationnement, bénéficient d’une demi-heure de stationnement gratuit par jour, quelle que soit la zone de stationnement payant en ville. Les habitants du secteur centre ville, où le tarif est le plus cher, bénéficient d’un avantage supplémentaire : leur crédit d’heure, sur la carte de stationnement précitée, s’élève au total à 2h de stationnement gratuit par jour ;

o tous les usagers bénéficient d’une heure de stationnement gratuit dans les parkings en ouvrage : Mairie, Rapp, Saint-Josse et Gare-Bleyle, 3h au parking souterrain Lacarre (le parking en silo est gratuit, quelle que soit la durée du stationnement dans la journée). Ces parkings sont situés à moins de 10 minutes à pied du centre-ville, ce qui constitue un atout de proximité n’ayant guère d’équivalent dans les autres villes de l’importance de Colmar ;

o la politique mise en œuvre au niveau du stationnement payant vise à préserver le contribuable colmarien qui a participé au financement des investissements à travers ses impôts, en faisant appel à la contribution des autres usagers dont des milliers de touristes ;

S’agissant de la question du stationnement « dans la rue du maire », je veux vous faire remarquer que je paye, à titre personnel, les loyers de deux garages. »


Gilbert MEYER


Prenant les Colmariens pour des demeurés, GM leur sert inlassablement le même discours que tout le monde connaît, en évitant soigneusement de répondre aux questions embarrassantes. Il balaie d'un revers de la main les centaines de témoignages de Colmariens qui osent présenter un état des lieux qui n'est pas exactement celui dont il se vante. Pour lui et ses admirateurs (si, si, il en a encore) ce ne sont que des « râleurs » qui, avant de « critiquer », devraient s'informer, ils se rendraient ainsi compte de l'immense chance qu'ils ont de profiter de la gestion géniale de leur génial maire.

Sur sa page Facebook "Gilbert Meyer Officiel", il en a remis une couche à propos de la gestion des déchets et du serpent de mer qu'est devenu le stationnement. « Afin que vous puissiez être correctement et pleinement informés », parce qu'évidemment, tout ce qui ne va pas dans son sens est rempli de «contrevérités ». Il adore ce mot : « contrevérités », ça sonne mieux que « mensonges », il le balance systématiquement dans ses réponses à ceux qui ont l'audace d'émettre un avis différent du sien, stratégie pour impressionner les esprits faibles et semer le doute. Sauf que les contrevérités sont plutôt à chercher de son côté, quand il prétend, par exemple, que les Colmariens disposent de 4000 places de stationnement gratuit et qu'il compte dans ce nombre les 1430 places du parc expo (à 3 km du centre-ville). On pourrait multiplier les exemples.

Il n'a pas dû voir les photos de poubelles et conteneurs débordant de déchets, mais « tout va très bien madame la marquise », j'ai installé des conteneurs partout.

Concernant le stationnement, il avance les chiffres qui l'arrangent, mais depuis 8 mois et des relances régulières, et encore à la dernière réunion de quartier Centre, contrairement à son premier adjoint qui depuis a tourné casaque, il ne s'est jamais exprimé sur le montant exorbitant du macaron à 600 euros, comparé à Strasbourg (180 €), Mulhouse (75 €), Riquewihr et Kaysersberg (gratuit).

À l'entendre, tout est si merveilleusement bien géré dans notre ville que tout le monde nous envie. On se demande pourquoi de plus en plus d'habitants désertent le centre-ville et pourquoi autant de personnes manifestent leur mécontentement. Salauds de râleurs !

Enfin, concernant les deux loyers de garage qu'il dit payer à titre personnel, nous sommes bien contents pour lui, tous les Colmariens n'en ont pas les moyens.


[Précisions d'une contributrice]

(...) les chiffres avancés concernant les FPS de Mulhouse et Strasbourg sont faux en partie. Si l'objectif annoncé est d'être "correctement et pleinement informés" il s'agit de donner les bons chiffres.
Pour Mulhouse le FPS est de 20 euros si le paiement est effectué dans les 72h. Au-delà de ce temps uniquement il est de 40 euros.
Pour Strasbourg il reste à 17 euros si paiement dans les 3 jours et majoré à 35 euros au-delà.
Colmar 25 euros et majoré à 75 euros. Un peu d'honnêteté ne nuit pas. Il ne faut pas dire la moitié pour faire croire qu'on est mieux que les autres. Pas bien... C'est un peu malaisant...
[22/08/2018 16:38]



Pour nous écrire :
colmarinfo68@gmail.com

20 août 2018

LE TOURISME DE MASSE

Edouard Dabrowski

Venise, Riva degli Schiavoni, photo E. Dabrowski

C'est un paradoxe : même les opposants les plus farouches au tourisme de masse sont partie prenante... Qui n'a pas fait de voyage touristique ces derniers temps, ou ne projette d'en faire ? Et même si nous nous efforçons d'être le plus respectueux possible des lieux que nous visitons, nous prenons quand même l'avion et louons des gîtes... Cette ambiguïté a été soulignée dans un récent article de Télérama (N° 3577) dont voici un extrait : « s'interroger sur notre culture de la mobilité motorisée, c'est poser la question des limites dans tout ce qu'elle a de plus dissonant et rabat-joie pour nos sociétés. Le tourisme est si étroitement lié à notre mode de vie qu'il est difficile de le critiquer. Comme il est quasi inconvenant de questionner le recours à l'avion, devenu banal. C'est « critiquer tout un chacun, c'est-à-dire délibérément se faire des ennemis », écrit Rodolphe Christin. « Nous sommes tous des touristes potentiels. » C'est mettre en cause notre droit au délassement, à l'insouciance, à la liberté, bref, se placer à rebours de l'air du temps et de la mythologie du voyageur moderne qui a envahi nos quotidiens, des rayons des librairies aux fils Instagram.

C'est, aussi, appuyer là où ça fait mal : le tourisme est le repos du guerrier-travailleur, et cette nécessité de «partir» interroge la qualité de notre vie quotidienne. « Grâce au tourisme, nous sommes prêts, de nouveau, à nous vendre à fond à notre activité productive, celle qui finance, justement, la gamme plus ou moins étendue de nos loisirs, poursuit le sociologue. Car nous vivons à côté de nous-mêmes le reste du temps. Le tourisme est une compensation thérapeutique permettant aux travailleurs de tenir la distance et d'accéder aux mirages de la qualité de vie, au milieu d'un air, d'une eau, d'une terre pollués comme jamais auparavant. »


UNE CROISSANCE EXPONENTIELLE

Nombre de touristes internationaux :

1950 : 25 millions
1980 : 279 millions
2000 : 674 millions
2015 : 1,186 milliard
Prévision pour 2030 : 1,8 milliard

(Ces chiffres ne tiennent pas compte des touristes dans leur propre pays)


DES EMPLOIS CRÉÉS

L’activité touristique génère une part importante de la richesse des pays européens, jusqu’à 11% dans le cas de l’Espagne. D’après l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), organisme onusien basé à Madrid, un emploi sur dix dans le monde est lié au secteur touristique, qui représente 10% du PIB mondial.


LES MÉFAITS

Le tourisme de masse a souvent des répercussions négatives sur la population locale et l'environnement. Des déchets sont produits en masse, beaucoup d'énergie et d'eau sont nécessaires. L'eau, une denrée rare dans les pays chauds attractifs, est particulièrement gaspillée au sein des grands complexes hôteliers, au détriment des populations locales (eau courante, irrigation, etc.). [Wikipédia]

Il ne s'agit ici que des nuisances visibles : « La contribution du tourisme au réchauffement climatique reste, elle, encore largement taboue. En mai dernier, une étude publiée dans la revue Nature Climate Change révélait que 8% des émissions de gaz à effet de serre étaient dus aux flux touristiques (...). Même constat étouffant quant à l'impact de cette mobilité motorisée sur la qualité de l'air ambiant. »

La joie de vivre et le soleil de Majorque, la plus grande des îles espagnoles des Baléares, attire de nombreux touristes. Mais cela entraîne tous les excès d'un tourisme de masse. Il n'est pas rare d'y déplorer des nuisances sonores, des bagarres en pleine rue, des beuveries, des plages souillées. Ce paradis méditerranéen est peu à peu devenu un enfer pour les habitants. (franceinfo)

À Lisbonne, la multiplication d'appartements touristiques a fait grimper en flèche les prix du logement dans le vieux quartier d'Alfama.

« Aujourd'hui, à Alfama, il est difficile de trouver un loyer de moins de 1000 euros par mois, un montant énorme pour un Portugais dont le salaire est souvent inférieur à cette somme », a déclaré à l'AFP Maria de Lurdes Pinheiro, présidente de l'Association du patrimoine et de la population d'Alfama.

Même dans l'île écossaise de Skye, au paysage sauvage, les autorités sont préoccupées par l'encombrement des routes ou les dégradations de l'environnement qu'entraîne ce boom de la fréquentation.


LES HABITANTS PROTESTENT

[Huffpost] Après plusieurs villes espagnoles, italiennes ou croates, c'est au tour de San Sebastian, dans le pays basque, de manifester contre le tourisme de masse.

« Vous n'êtes pas les bienvenus » : à Barcelone et dans d'autres destinations touristiques européennes, le flot de touristes commence à susciter l'hostilité d'habitants décidés à reconquérir leurs villes. Des romantiques canaux de Venise aux remparts de Dubrovnik, en passant par l'île écossaise de Skye, les touristes sont devenus un cauchemar pour certains riverains malgré la manne financière qu'ils apportent. Dans le quartier côtier de la Barceloneta, les habitants protestent depuis des années contre les nuisances : ivresse, rapports sexuels en pleine rue... Et dorénavant, l'envolée des loyers en oblige même certains à partir.

« Plus jamais un été comme celui-ci », « Pas de touristes dans nos immeubles », « Vous n'êtes pas les bienvenus », lisait-on samedi sur des pancartes lors d'une manifestation d'habitants sur la plage habituellement bondée de touristes.

De telles actions, qualifiées par la presse de « tourismophobie », détonnent en Espagne, troisième destination touristique mondiale, d'autant plus prisée que les vacanciers évitent l'instabilité en Tunisie, en Égypte ou en Turquie.

Une organisation d'extrême gauche a même arrêté un bus de touristes à Barcelone au début du mois pour enduire son pare-brise de peinture, et à Palma de Majorque, aux îles Baléares, manifesté sur le port avec des fumigènes, déployant une banderolle : "Le tourisme tue Majorque".


LES MUNICIPALITÉS RÉAGISSENT

"L'objectif est de rendre la ville à ses habitants"

La «tourismophobie» gagne les habitants et pousse les édiles à limiter ou encadrer les flux. Plafonnement des entrées, gel de l'offre d'hébergements, quotas de croisiéristes... les initiatives vont bon train. Mais elles visent surtout à lisser la fréquentation pour diminuer les nuisances, car rares sont les maires prêts à renoncer à l'argent des visiteurs. Voici des plans d'action parmi les plus déterminés [France info] :


BARCELONE

Le centre sanctuarisé.
Limitation du trafic dans le centre.
Impossible d'y ouvrir un nouvel hôtel ou d'accroître le nombre de lits dans les structures existantes. Les hébergements chez les particuliers doivent impérativement faire l'objet d'une licence municipale. La maire, Ada Colau (Podemos), a fait fermer plus de 200 meublés sans autorisation et inflige des amendes de 30 000 euros à leur propriétaire. Elle a notamment mis sous pression Airbnb, en menaçant la plate-forme d'une amende de 600 000 euros.


DUBROVNIK

En 2016, la perle de l'Adriatique a enregistré un nombre record de 10388 visiteurs en une seule journée. Inquiète pour l'authenticité de la citadelle, inscrite au patrimoine mondial en 1979, l'Unesco a menacé à mots feutrés de retirer son patronage si les autorités locales ne plafonnaient pas les entrées quotidiennes à 8000. Le message a porté : le maire Mato Frankovic a annoncé son intention d'abaisser le quota à 4000 personnes par jour cette année. Comme à Santorin, c'est sur le flux de croisiéristes que le premier magistrat de la ville entend jouer. Depuis janvier, les discussions ont débuté avec la CLIA (Cruise Lines International Association) pour lisser les arrivées de bateaux. Le maire a souligné qu'il était prêt à assumer un manque à gagner.


VENISE

Grande première, cette année, pour le carnaval de la Sérénissime. La municipalité a instauré un "numerus clausus" de personnes autorisées à accéder à la place Saint-Marc pour assister à la cérémonie d'ouverture officielle, le célèbre «vol de l'ange». Des vigiles ont été placés de bonne heure à tous les points d'accès pour comptabiliser les entrants. Au seuil de 20000 visiteurs, ils avaient pour consigne de bloquer l'accès. Redoutée par ses organisateurs, l'opération s'est relativement bien déroulée. Ce qui ne présage pas nécessairement de la suite. Prochainement doivent être mis en place, à des endroits stratégiques de la ville, des capteurs qui permettront d'orienter la foule vers des parcours alternatifs. Les lieux en surchauffe pourront être fermés. Six technologies différentes sont en train d'être testées.


PALMA DE MAJORQUE

Depuis deux ans, il est encore plus facile pour les touristes de se loger grâce au phénomène Airbnb. Une décision a été prise par la commune pour réagir cet été. "Toutes les locations d'appartements sont interdites en ville, dans des immeubles comme ceux-ci. Seules les locations de villas sont autorisées. L'objectif est de rendre la ville à ses habitants, qu'elle soit plus vivable pour tous, plus agréable", explique Antoni Noguera, le maire de Palma de Majorque. Selon ce dernier, il y a urgence, car la ville perd ses habitants à cause des loyers qui ont augmenté.


AMSTERDAM

Magasins de souvenirs ou de restauration rapide... plus aucune échoppe destinée aux touristes ne pourra désormais ouvrir dans l'hypercentre d'Amsterdam. Une quarantaine de rues sont concernées: près de 300 points de ventes de ce type y sont déjà présents, qui dégradent l'image du quartier. Il s'agit de stopper la «Disneyfication» de la Venise du Nord. Les autorités frappent aussi côté hébergements touristiques. Déjà limitée à 60 jours, la durée maximale de location d'un appartement privé vient d'être réduite de moitié. Comme dans les autres capitales européennes, l'offre de logements de ce type explose: leur nombre est passé de 4500 à 22000 ces quatre dernières années. Les amendes infligées aux loueurs qui enfreignent les règles ont rapporté 1,9 million d'euros l'an dernier à la municipalité. Cerise sur le gâteau, celle-ci a décidé d'augmenter de 10% la taxe de séjour.


Airbnb dans le collimateur

[franceinfo] Paris, Barcelone, Madrid, Amsterdam et Lisbonne veulent mieux réguler les plates-formes de locations touristiques et elles le font savoir à l'Union européenne (UE). « Dans beaucoup de villes, nous avons mis en place des outils de régulation. Aujourd'hui, Airbnb se tourne vers la Commission européenne pour casser ces législations et remettre en cause ces dispositions prises à l'échelle locale, parfois nationale. C'est donc un combat, mais nous allons prendre notre bâton de pèlerin et plaider la cause des habitants de nos villes qui ne veulent pas être empêchés d'y vivre », explique Ian Brossat, adjoint à la Ville de Paris.

Des jours de location limités

Pour l'instant, le droit européen reste avantageux pour ces plates-formes d'e-commerce. Elles ne sont d'ailleurs pas tenues pour responsable en cas de publication d'annonces illégales. Les villes réclament donc une plus grande régulation de la part de l'UE. À Paris, depuis le 1er décembre 2017, tout loueur de meublés touristiques doit s'enregistrer auprès de la mairie de Paris. La location de résidence principale est limitée à 120 jours par an. [France info]

Des mesures prises sur le plan national

De nouvelles sanctions et davantage de contrôles. L'Assemblée Nationale a voté vendredi 8 juin un encadrement renforcé des locations touristiques de type Airbnb avec notamment des sanctions accrues contre les propriétaires ne respectant pas leurs obligations et de nouvelles amendes pour les plateformes de mise en relations entre les propriétaires et les clients.

AirBnb, Abritel et autre Leboncoin ou Home Away promettent de bloquer toutes les annonces une fois passé 120 nuits de location, qui est la limite prévue par la Loi. Cette limitation ne concerne pas les chambres au sein d’une résidence principale.

Les autres communes qui encadrent les locations touristiques

On peut parler de Bordeaux, Cannes, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Nîmes, Sète, Versailles, Levallois-Perret mais aussi de plus petites communes telles que Roquebrune-Cap-Martin, Saint-Paul-de-Vence, Menton et toute la communauté de communes de Biarritz. Pour certaines, il s’agit de préserver le parc de logements disponibles, pour les autres, il s’agit aussi de protéger le secteur hôtelier implanté sur leur territoire.


- à méditer

Le tourisme de masse produit « des effets extrêmement clivants sur la population locale : d'un côté, des gens s'enrichissent et, de l'autre, des gens subissent, sont prolétarisés et marginalisés », déclaration à l’AFP de l’anthropologue Jean-Didier Urbain.

« La libération initiale, devenue la norme, se fait oppressante. Elle martyrise nature et sociétés humaines, opprime l'esprit des voyages et transforme l'hospitalité des lieux en prestations, les habitants en prestataires, les paysages en décors. »
Rodolphe Christin

« Profiter du monde ne revient-il pas à le consommer dans « un frénétique élan de mondophagie » ? Le parcours s'est banalisé et balisé, et le touriste, au passage, a viré vampire plus que bienfaiteur de la diversité. »
Weronika Zarachowicz

« tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » (Blaise Pascal, Pensées).

« Le tourisme [de masse] enlève quelque chose à nos quartiers. Il les rend banals, les uniformise. »
Santi Ibarra

« Viser les touristes est cependant une erreur, les pouvoirs locaux et nationaux sont généralement peu préparés. Il est toujours plus facile de désigner l’étranger, l’autre comme une nuisance, alors que les mafias locales et l’impréparation des élus au phénomène est majoritairement la cause de la dégradation des modes de vie. »
Maria Gravari-Barbas, géographe et Directrice de la Chaire Unesco "Culture, Tourisme, Développement" à Paris I Panthéon-Sorbonne

« Le monde ne doit pas devenir un supermarché organisé pour la satisfaction d'un mode de consommation ubérisé et avide. »

« La base de l'économie, la base du travail et de tout, c'est le tourisme, Mais il faut avoir un tourisme ordonné. »
Arturo Monferrer

« Le tourisme n'a plus un but de perfectionnement humain. L'objectif principal est désormais de s'amuser et de se détendre, dans des atmosphères qui tendent à s'uniformiser, voire s'aseptiser. »

Sources : Wikipédia, France info, AFP, Sud Ouest, Les Echos, Huffpost, Télérama

15 août 2018

S T O P !


Merci de ne plus envoyer de photos de poubelles et conteneurs débordants !
Sauf à être complètement aveugle, la municipalité a dû prendre conscience du problème et même si elle tente de s'en dédouaner en mettant en avant le nombre croissant de conteneurs (voir la réponse du maire), elle ne peut plus continuer de nier l'évidence, une gestion de plus en plus calamiteuse des déchets. Et la politique menée par Gilbert Meyer et son équipe, consistant à vouloir toujours plus de touristes, va inévitablement amplifier le problème.


Bonjour,
Photo prise mardi 14 août 2018 à 17h52
Cette poubelle est située rue des Serruriers devant le magasin "le Comptoir de Mathilde".
C'est certainement un des points de passage le plus fréquenté par les touristes.
Que vont-ils retenir de Colmar ???
Vont-ils envoyer cette photo souvenir à leur famille ou amis ou la publier sur les réseaux sociaux avec un commentaire peu amène pour la ville de Colmar ?