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13 novembre 2018

C'est ça que vous voulez à Colmar ?

Edouard Dabrowski

Personne n'y trouve son compte : ni les touristes, ni les habitants, ni la planète.
Photo Edouard Dabrowski

« Tout un symbole : l'intitulé initial du rapport soumis jeudi soir aux élus de Colmar Agglomération a été corrigé un peu plus tôt dans la semaine. Il n'est plus question d'étudier "l'impact du surtourisme à Colmar" mais seulement du "tourisme". » L'ALSACE/DNA du 10/11/2018. Surtout ne pas appeler un chat un chat. Et de rendre présentable quelque chose qui ne l'est pas. Chez BAYER/MONSANTO, les "pesticides" sont renommés pudiquement "produits phyto-sanitaires".

Le constat est pourtant clair : « L’activité touristique s’est largement accrue à Colmar et ses environs ces dernières années. La période des marchés de Noël devient de plus en plus difficile à vivre pour les habitants, surtout dans le centre-ville de Colmar. » C'est l'Office de Tourisme qui le dit. Le terme "surtourisme" aurait été tout à fait de circonstance.

25.000 euros, c'est ce que va coûter l'étude confiée à un cabinet spécialisé. Son objectif : « Dissocier la réalité objective des nuisances de la perception subjective ressentie », afin d’élaborer « des actions concrètes », notamment « un plan de communication efficace ».
Traduction : Comment faire passer la pilule aux Colmariens subissant les nuisances liées au tourisme de masse. Quel mépris envers les concitoyens ! Surtout quand la communication s'apparente à de la manipulation.

L'Office de Tourisme ne veut pas freiner le flux de touristes, qui constitue « un atout économique indispensable », mais le rendre plus « acceptable ». Oui, acceptable ! Il faudra que les Colmariens acceptent que des commerçants cupides s'approprient la ville, avec la bénédiction de la municipalité, imposent leur loi et se gavent sans le moindre scrupule. Et pour les récalcitrants est-il prévu une thérapie de groupe ?

L'Office de Tourisme ne s'en cache pas, il redoute que l'exaspération croissante des habitants du centre-ville, s'exprimant sur la page Facebook et sur le blog ne finisse par se manifester dans la rue. Des panneaux "Tourist go home" qui commencent à fleurir dans d'autres villes feraient mauvais genre. « Une moindre acceptation des touristes par la population locale pourrait, à terme, dégrader l’image et la qualité de l’accueil. » Ben voyons. On ne saurait être plus clair. Le bien-être des habitants, l'Office de Tourisme s'en tape.