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7 juin 2018

Edouard Dabrowski

Téléréalité chinoise à Colmar : une bien triste réalité

« Je vais me mettre au chinois... Ça sert plus à rien, l'allemand, à Colmar. »

Stéphane Bern peut aller se rhabiller : avec sa force de frappe de centaines de millions de téléspectateurs, le 2ème groupe télévisuel chinois, spécialisé dans le divertissement, va faire de Colmar le phare de l'Alsace, du Grand Est, de la France et pourquoi pas du monde, à en croire la presse déchaînée. Partout, ce ne sont que des hourras de victoire, on se congratule, on brandit des chiffres qui donnent le vertige, on imagine déjà Colmar roulant sur l'or par la grâce du pouvoir d'achat chinois. Les Chinois ne sont-ils pas les premiers consommateurs de produits de luxe au monde (25%), signant ainsi leur réussite sociale ?
Ce qu'ils achètent en priorité, dans l'ordre : 1/ des montres ; 2/ des vêtements et accessoires ; 3/ de la maroquinerie ; 4/ des bijoux ; 5/ des cosmétiques ; 6/ des produits électroniques.
Et quelles sont leurs marques favorites ? Toujours dans l'ordre : 1/ Vuitton ; 2/ Chanel ; 3/ Gucci ; 4/ Armani ; 5/ Dior ; 6/ Rolex ; 7/ Cartier ; 8/ Prada.
C'est là qu'est le hic : Colmar n'est pas en mesure de répondre à une telle demande ! Les Chinois qui transitent par la cité de Bartholdi le savent très bien. Ils n'y restent en moyenne que 2 heures et demie, de l'aveu même d'une guide, le temps de faire quelques selfies devant le bistrot des Lavandières où a été tournée la téléréalité, avant de continuer leur périple. Tout au plus achèteront-ils des magnets ou des cigognes en peluche made in chez eux et consommeront une tarte flambée à trois. Tous les commerçants avec qui nous avons pu discuter s'accordent à dire que cette clientèle-là n'est vraiment pas intéressante pour eux.