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11 février 2022
Une immense tristesse en apprenant la disparition d’André Wilms. Né à Strasbourg en 1947, André Wilms est décédé mercredi à l’âge de 74 ans. Il débute comme cintrier au théâtre Sorano, qui accueille alors le Grenier de Toulouse, fondé par Maurice Sarrazin. Il est rapidement engagé comme figurant. Il enchaîne des dizaines de pièces avant de signer ses propres mises en scène au théâtre et à l’opéra. On lui doit notamment Le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartók, La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht ou encore La Vie de bohème d’après Henry Murger et Aki Kaurismäki. Il rencontre également André Engel, qui l’invite sur plusieurs de ses mises en scène, comme En attendant Godot de Samuel Beckett, ou Hôtel moderne d’après Franz Kafka. Là, il apprend l'exigence du métier avant de se tourner par la suite vers le 7e Art.
Il connait un premier triomphe au cinéma en interprétant le rôle de Jean Le Quesnoy, père bourgeois ultra-catholique, dans "La vie est un long fleuve tranquille" d'Etienne Chatiliez. Il a mené de front une carrière professionnelle sur les planches de théâtre et sur grand écran. Il était l’un des acteurs fétiches du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki qui a réalisé Le Havre ou encore L’autre côté de l’espoir. Dans « Le Havre », André Wilms était ainsi un cireur de chaussures, qui tendait la main à un jeune Africain sans-papiers. « L'Autre Côté de l'espoir » orchestrait la rencontre entre un migrant syrien échoué contre son gré dans la grisaille finlandaise et un restaurateur séparé de sa femme alcoolique…
Nous l’avons vu à la Filature de Mulhouse dans le cadre du festival Musica dans Eraritjaritjaka, « musée des phrases », spectacle musical d’après des textes d’Elias Canetti conception, mise en scène et musique Heiner Goebbels. En 2018, invité par Les Musicales de Colmar, il est le récitant dans le Carnaval des animaux.
10 février 2022
Coup de g... du jour
L’histoire tragique des doubles mandats présidentiels

En matière électorale, nul n’est madame Soleil et tout peut évidemment arriver. Il n’empêche: le matraquage sondagier quotidien semble ouvrir la voie à la réélection du président Macron. Non qu’il soit populaire: une petite minorité des Français souhaite sa réélection. Mais la baisse du niveau scolaire qui affaiblit l’esprit critique, l’émiettement des forces politiques, la médiocrité de la classe politique, l’indifférence et la résignation générales, l’illusion de l’autorité, la perte des repères d’une société traumatisée par la crise sanitaire, l’obséquiosité médiatique, la montée de l’opinion aux extrêmes, tous ces facteurs jouent en faveur d’un statu quo et d’une réélection. Encore faut-il savoir à quoi s’attendre. Dans l’histoire, sous l’effet de l’usure du pouvoir, tous les seconds mandats furent des désastres. Celui de Jules Grévy s’est terminé par le scandale des trafics de décoration aboutissant à sa démission (1889). Celui d’Albert Lebrun, à la suite de la débâcle militaire en 1940 déboucha sur l’abolition de la République et l’instauration du régime collaborationniste de Vichy. Le second mandat du Général de Gaulle s’achève par Mai 68, le référendum raté et la démission en avril 1969. N’ayons pas la mémoire courte. La fin de l’ère Mitterrand fut dramatique: de Grossouvre, Cresson, Bérégovoy, la cohabitation avec Balladur, les révélations sur son passé… Et celle de Chirac pas mieux: les raffarinades, le référendum raté, la révolte des banlieues, la guerre Sarkozy-Villepin… M. Macron, s’il est réélu, le sera par défaut. Il ne pourra jouer sur l’effet de stupéfaction comme en 2017 mais c’est un personnage profondément usé et radicalement impopulaire qui commencera son second mandat et devra tenir cinq années. Sa réélection plongera sans doute le pays dans l’une des plus graves crises politiques et sociales qu’il n’ait jamais connues depuis la fin de la DGM.