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7 avril 2021

Cours à distance : le témoignage d'un professeur

Marcel Schelcher

Ayant réalisé 250 heures de cours particuliers de français et de philosophie à distance (via Skype) avec des élèves de 3ème, de 2nde, de 1ère et de terminale pendant le premier confinement (de mars à mai 2020), et environ 300 pendant le second - et maintenant le troisième - reconfinement depuis le début de l'année scolaire 2020-2021, j'aurais évidemment quelques nuances à apporter par rapport à la généralisation un peu hâtive du propos sur "le distanciel", que je comprends pourtant quand on voit l'inadmissible mascarade ministérielle d'hier après les prétendus piratages mondiaux et cyberattaques allégués par le ministre Blanquer pour justifier le nouveau chaos des ENT (Espaces numériques de Travail) gérés par l’Éducation nationale dès le début de la journée d'hier ! Mon expérience des cours à distance, ce sont d'abord les traces écrites qui restent de chacun de mes cours. En effet, le principe que j'ai adopté dès le départ, c'est que pour chaque séance (de 1h à 1h30), nous produisons des "google.docs" partagés avec chacun.e de mes élèves et qui sont affichés et complétés à chaque séance hebdomadaire : grilles d'analyses de textes, plans de commentaires ou de rédactions ou dissertations, etc. Ces "google.docs" représentent en ce début d'avril entre 50 et 150 pages par élève et constituent des outils de révision par excellence, notamment pour le brevet ou les épreuves anticipées de français du baccalauréat. Le deuxième principe, c'est que l'élève a un travail à effectuer entre deux séances pour compléter son "google.doc" personnalisé qui est aussitôt partagé avec le professeur. Le dernier principe, en matière de production écrite, c'est que pour chaque rédaction, ou commentaire, ou dissertation l'élève produit une première proposition de plan qui est amendée et enrichie au cours de la séance suivante, puis rédige un "premier jet" (brouillon) qui sera lui aussi amélioré, enrichi et corrigé, jusqu'au devoir définitif. Au terme de cette deuxième année d'expérience de l'enseignement à distance, j'ai découvert que certains élèves ont besoin de "présentiel" (pour des raisons souvent liées à l'affectif), tandis que d'autres sont très à l'aise avec un environnement numérique... Pour tous les élèves, on ajoute (chaque fois que c'est possible) des séances en présentiel, en particulier pour l'entraînement aux épreuves orales. En conclusion, je voudrais valoriser ici le parcours de tous ces élèves à qui j'aurai évité le "décrochage" dès le mois de mars l'année dernière, et dans les semaines que nous traversons... Je sais que ces cours à distance sont précieux dans les familles où les parents ne sont pas en mesure d'accompagner leurs enfants, ainsi que pour les élèves dont les professeurs attitrés (pour certains peu formés à l'enseignement à distance) se contentent trop souvent de transmettre des devoirs par mail, sans accompagnement personnalisé...! Donc, il ne faut pas généraliser...! Le métier d'enseignant est un métier, celui de parents en est un autre, et seul le dialogue permanent entre parents, enseignants et élèves peut contribuer à la réussite de ces derniers. Pour certain.e.s de mes élèves, les parents apparaissent d'ailleurs sur l'écran partagé en fin de cours pour que nous fassions ensemble le point sur les apprentissages en cours.