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18 mai 2021

RENCONTRES DU 3ème TYPE

Fabien Nierengarten

Il paraît que les histoires d'amour finissent mal... en général.

Souvenez-vous, il y a quelques semaines, je vous racontais les aventures de Cépi2KB, ce sympathique extraterrestre qui, au lieu de pouvoir faire ses emplettes sur les grands boulevards parisiens, avait dû poser sa soucoupe en plein cœur du vignoble alsacien.
N’ayant pas gardé un souvenir impérissable de notre magie de Noël en version confinée, c’est au-delà de l’Atlantique qu’il décida finalement de se téléporter. Là où tout récemment, Donald le Dingo s’est pris les daisyderatas de son peuple en plein ciboulot.
Mais très vite, l’Alsace lui manqua. Nostalgie d’un beau pays et besoin d’y retourner pour se sentir bien, il paraît que ça se dit "Heimway" en alsaricain.
Et voilà donc Cépi de retour dans notre proche environnement, avec la ferme intention d’y vivre heureux et d’avoir beaucoup d’enfants. Mais comme il est très rare qu’on rencontre une femme à aimer, aussi vite qu’on trouve chaussure à son pied, il s’empresse d’enfiler ses bottes de sept lieues pour pouvoir, au plus vite, enlacer son amoureuse au coin d’un feu.
Après avoir pris conseil dans les bouquins de son grand-père, et désormais confiant en ses capacités de séduction, il part à la recherche de ces fêtes de village où l’on danse sur « Only you », en se murmurant des mots d’amour à profusion. Mais là, on lui dit qu’il est à côté de la plaque et grave décalé. Car aujourd’hui, c’est sur internet qu’on passe à l’attaque ou qu’on se fait draguer. Les femmes peuvent même « adopter un mec point com ». Nom d’un bonhomme, ça craint un maximum !
Heureusement, grâce à son habileté à jouer du clavier, voilà déjà une première touche. Et même un premier rendez-vous, preuve que son charme sait faire mouche. Malheureusement, pour un coup d’essai, c’est loin d’être un coup de maître. Il est vrai que ce n’est plus en costard-cravate qu’aux yeux d’une femme, il faut apparaître. C’est plutôt avec un look de bad boy tatoué et mal rasé, qu’on aura peut-être des chances d’être abordé.
Pour la rencontre suivante, Cépi décide de se la jouer James Dean, et accueille son amoureuse dans une rutilante berline. Mais la voilà qui se dit déçue de ne pas le voir arriver en trottinette ou en bus, car elle se sent mal en voiture et a des tendances écolo, en plus. Elle est loin, la fureur de vivre, là où le tramway est nommé désir. C’est sans doute meilleur pour la planète, mais ça ne fait pas hennir les chevaux du plaisir.
Loin de se décourager, c’est donc à pied que notre héros conduit sa prochaine conquête au resto. Que c’est cool quand on roucoule chez Buffalo Grill. Là-bas, à coup sûr, on tape pile dans le mille. On peut aussi opter pour un dîner aux chandelles dans un gastro. C’est un peu plus chérot, mais au moins, on n’a pas l’air d’un charlot. Sauf évidemment si on tombe sur la talibane du vegan, la reine des allergènes, ou encore la groupie du sushi sans chichis.
Nouvelle tentative quelques jours plus tard, et cette fois-ci, ça semble être la bonne. La belle est vraiment très belle et Cépi sort le grand jeu. Et vas-y que je lui ouvre la portière de la voiture, que j’entre en premier dans le restaurant, que je demande pour elle une carte sans prix, que je passe commande pour les deux, que je propose de goûter le vin, que je me lève quand elle s’en va aux toilettes, que je l’accompagne quand elle sort pour fumer. Bref, un festival de bonnes manières un brin old school qui en dit assez long sur l’exemplaire qualité du moule.
Mais c’est encore raté, car madame n’a rien d’une lady et tout d’une chipie. Elle lui fait comprendre que pour ses pratiques d’un autre temps, c’est direction le cimetière des éléphants. Que l’égalité entre hommes et femmes devient peu à peu une réalité, et qu’il ferait mieux de se tenir au courant de l’actualité. Tout en admettant, cependant, au moment de régler l’addition, que tout principe devrait connaître des exceptions.
Décidément, entre notre Cépi et l’amour, c’est une vraie histoire de désamour. Sauf que voilà déjà une nouvelle idylle en perspective. Peut-être sa dernière chance, il serait temps que Cupidon arrive. Tout se passe bien, même pendant le repas, mais c’est au moment des adieux, que notre ami commet un faux pas. Voulant profiter de l’effet de surprise, il dépose sur la joue de sa dulcinée, une délicate bise. Aujourd’hui, il lui reste en souvenir de cette folle envie, une plainte au pénal pour acte sexuel non consenti.
Ainsi donc vont les amours sur Terre. Quelle galère ! Il est temps pour Cépi de rejoindre sa chic planète pour danser dessus, et qui sait, y rencontrer enfin celle qui lui préparera de succulents menus. Car il fait partie de ceux pour qui la quête et la conquête, ne se résumeront jamais à une vulgaire question de quéquette. Quant à nous, nous savons tous que les personnages de cette histoire sont de pure fiction. Mais on me dit que tout principe supporte des exceptions.