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4 mars 2019

Le « Grand Débat » en direct de Colmar a réuni 250 personnes.

 
Christophe, Gilet Jaune de la première heure


CORDEY

Demain à Colmar aura lieu le Grand Débat, lancé par le Président de la République. À Colmar, il serait temps de lancer le Petit Débat.

Que voulez-vous pour demain, pour 2020, pour votre ville ?
D’un côté, l’un nous fait miroiter un potentiel retour et un cinquième mandat, comme Bouteflika, malgré un âge avancé, et se pose en meilleur gestionnaire, irremplaçable. Ira, ira pas malgré sa promesse ? La réponse semble limpide.
De l’autre, l’éternel second qui n’hésite pas à afficher ses opinions et défier le premier.
Peut-être est-ce un bon numéro de comique ou de fin tacticien pour perdre les Colmariens ?
Il existe une opposition bien connue et ancrée, jugée inutile, pas assez offensive et des outsiders comme LREM ou Benoît Nicolas, et de potentiels non déclarés.
On nous a appris et martelé qu’ils sont inutiles, inaptes, sans expérience pour diriger la Ville.
Mais a-t-on pris le temps de réfléchir et de les connaître ?
La mode est à la démocratie. À Colmar, les décisions sont prises en avance et l’on nous laisse croire que nous pouvons influer sur la vie de la Ville.
Quelle belle poudre aux yeux quand on vous propose de répondre à vos questions par vidéo Facebook. Les questions sont sélectionnées, triées et répétées en avance. Les plus embarrassantes sont écartées. Mais vous avez participé, c’est la démocratie.
D’autres toquent chez vous, forment des ateliers pour avoir vos avis, recommandations, conseils. Nous participons.
De même, chacun pose la même question à chaque prétendant : « Quel est votre programme ? » Mais qui va dévoiler son programme, un an à l’avance, au risque de se faire prendre ses idées par la concurrence ? Réfléchissons un peu, ce n’est pas possible ni judicieux de poser déjà la question.
Réfléchissons plutôt à ce que nous voulons, ce qui doit et peut changer.
Colmar est certes bien gérée (taux d’impôts gelés, pas d’augmentation des coûts de fonctionnement), mais à quel prix pour nous ? Réfléchir à d’autres propositions, connaître et rencontrer les Outsiders, est-ce signe que notre ville sombrera ? Pourquoi avons-nous si peur de réfléchir à un changement possible ? D’autres l’on fait, pourquoi pas nous ?

3 mars 2019

Le musée Unterlinden de Colmar et « La Piscine » de Roubaix

Edouard DABROWSKI

"La Piscine" à Roubaix

Les anciens bains municipaux de Colmar

Vous voulez être candidat à la mairie de Colmar ? Avec une belle unanimité, les fins connaisseurs de la politique locale vous conseilleront de ne pas attaquer trop frontalement l'actuel locataire, arguant du fait que (presque) tous les Colmariens ont, au moins une fois dans leur vie, voté pour lui. Pour ne pas froisser l'électorat conservateur, il faudrait tresser des couronnes à Gilbert Meyer, dire qu' « il a beaucoup fait pour l'embellissement de la ville » et que sa gestion financière aurait déjà dû paraître dans le Guinness des records.

Eh bien parlons de l'embellissement ! Ce sont les grands architectes, entrepreneurs, bâtisseurs du passé qui ont fait de Colmar ce qu'elle est, un joyau de la Renaissance et ce pour quoi elle attire les touristes. Encore heureux que GM ait effectué quelques travaux par-ci, par-là, grâce à la cagnotte que son prédécesseur lui a laissée, c'est la moindre des choses en presque un quart de siècle qu'il est à la tête de la ville. Non, il ne l'a pas embellie, il l'a transformée petit à petit en parc d'attractions pour touristes, avec sa dernière trouvaille, le mapping, projection d'images animées kitchissimes sur des façades historiques, soi-disant pour les valoriser, une plaisanterie à 2,5 millions d'euros.

Mais que ne ferait-on pour les touristes...

La propagande municipale et son corollaire, le lavage de cerveau, fonctionnant à plein régime, s'extasier sans se poser de questions devant les réalisations du maire devient chez bon nombre de nos concitoyens la règle. L'extension du musée Unterlinden est un bel exemple de ce consensus. Désolé de le briser.

Première aberration : la verrue dans le paysage, cet édicule qui défigure la place en bouchant la perspective et en occultant la façade néo-baroque des anciens bains municipaux. Une bourde qui vient se rajouter à l'emplacement choisi pour la boutique du musée : à l'entrée, alors que la logique voudrait qu'elle se trouve à la sortie.
Deuxième aberration, écologique cette fois, se voir contraint d'accepter le « tout minéral » imposé par l'architecte, avec interdiction de la moindre présence de verdure.
Enfin, la suppression de tout ce qui pouvait rappeler la vocation du bâtiment, les bains municipaux.

Du coup, la comparaison avec le musée « La Piscine » de Roubaix (une ville sinistrée où le taux de pauvreté est l'un des plus élevés de France) prend tout son sens. « La Piscine » attire entre 200.000 et 250.000 visiteurs par an, selon les années, alors que le musée Unterlinden, en perte de vitesse, est repassé sous la barre des 200.000 visiteurs en 2018. Nous sommes loin de l'euphorie de 2016 quand Thierry Cahn, le président de la société Schongauer qui gère le musée rêvait d'en faire « le musée le plus fréquenté de France » :


Comment expliquer ce flop à 44 millions d'euros, dont, de mémoire, 9 à la charge de la Ville ? Le tarif à 13 euros, à peine moins cher que le Louvre (15 euros), peu de gratuité, certains musées la proposent aux étudiants, un jour de semaine, deux heures avant la fermeture, trop peu d'animations, des expositions temporaires qui ne drainent pas suffisamment de monde, autant d'éléments à prendre en compte dans un espace transfrontalier déjà bien pourvu en lieux dédiés à l'art.

[Mise à jour : 10/9/2019]

2 mars 2019

Un gilet jaune pour Gilberte*
(*surnom de la statue de la Liberté)


Dessin de Phil / DNA


Les Gilets Jaunes du Grand Est projettent d'habiller symboliquement la statue de la Liberté, aujourd'hui, en début d'après-midi, à l'aide d'une grue et d'une nacelle. Que penserait son créateur, Auguste Bartholdi, de cette récupération ?

28 février 2019

Retour sur le dernier conseil municipal

(vote du budget) - La parole à l'opposition


Frédéric Hilbert :

- Le quotidien des Colmariens n'est pas assez pris en compte. Pour financer vos projets, nous avons un budget de fonctionnement qui est à l'os, d'après les propos que vous aviez tenu l'an dernier, c'est bien le résultat de votre gestion depuis de nombreuses années.

- Les associations qui manquent de locaux, des infrastructures qui manquent d'entretien, des feuilles mortes qui sont ramassées très tardivement, mais bon, tout va bien puisque les lumières de Noël ont été posées à temps.

- Quand vous dites que le parking de la Montagne Verte c'est un poumon vert, moi je veux bien un poumon vert ; on attire encore plus de voitures au centre-ville et on dit, parce qu'on met quelques bacs à fleurs sur le dessus, que c'est un poumon vert ?


Tristan Denéchaud :

Pour ma part, c'est la même chose que pour mes collègues, on n'est pas d'accord avec la philosophie générale (...), on a comme toujours un investissement, un fonctionnement à l'os qui est comprimé au maximum. Quand vous êtes fier de dire, voilà, le fonctionnement est comprimé, il n'augmente pas, cela veut dire que derrière, c'est un service aux Colmariens qui n'augmente pas. On peut toujours faire des économies, mieux s'organiser, etc. Mais jusqu'à un certain point. Là, sur 5 ou 10 ans, on a un fonctionnement qui ne bouge pas, cela veut clairement dire que le service se dégrade et je pense que la majorité des Colmariens le constate tous les jours, notamment ceux qui ont le plus recours aux services.
On compare à Strasbourg, on compare à Mulhouse, mais tout le monde ici peut comparer les services qui sont offerts à Colmar et ceux qui sont proposés à Strasbourg ou à Mulhouse. À Mulhouse, s'il faut parler des transports, c'est 2 lignes de tram, à Strasbourg c'est 5 lignes.
Je ne prends [en exemple] que les transports, mais dans tous les domaines c'est pareil, dans la culture, dans le social, dans l'investissement pour les écoles, le fonctionnement... (...) Vous prenez des différences annuelles par habitant (...) moi, je prends des différences mensuelles parce que ça parle un peu plus aux gens. La différence entre Colmar et Strasbourg, en terme de fiscalité, 12 euros par mois et par habitant. Différence par rapport à Mulhouse, 4,58 euros par mois.
Est-ce que pour 4,58 euros, pour 12 euros par mois, respectivement, on n'a pas un service qui est infiniment meilleur et infiniment plus complet à Mulhouse et à Strasbourg ?
C'est un choix, c'est le choix que vous avez fait, les électeurs se sont en majorité, disons en majorité des exprimés, portés sur votre philosophie. Clairement, je pense que les collègues partagent, ce n'est pas la nôtre, ce n'est pas la mienne en tout cas.
Il y a des choses qui viennent un petit peu tout gâcher, comme le changement des définitions mathématiques. Vous nous avez redéfini une moyenne. Alors maintenant, une moyenne c'est : on prend la valeur la plus basse, la valeur la plus haute, on la coupe en deux et puis c'est ça une moyenne. Non. La moyenne, c'est toutes les valeurs divisées par le nombre de valeurs. Sinon, le salaire moyen en France avoisinerait les 1 million d'euros, et malheureusement ce n'est pas le cas...

Morte, la gauche colmarienne ?


Dessin de Phil (détail)


Oui, Bernard Rodenstein l'a dit sans ambages dans sa récente vidéo (DNA). Selon lui, le fossoyeur en serait Gilbert Meyer himself qui, « à force de vouloir écarter tous ceux qui ont d'autres idées que lui, a fini par tuer tout ce qui est opposition à Colmar ».

Faut-il pour autant en déduire que les "valeurs" de gauche ont disparu elles aussi du paysage politique colmarien ? C'est aller un peu vite en besogne. Certes le parti socialiste, principale incarnation de la gauche est en miettes, tant au plan local que national, mais il est impensable que lesdites valeurs se soient volatilisées, ce serait inquiétant pour la démocratie.

Avec ses collègues élus de l'opposition, MM. Hilbert et Denéchaud, Victorine Valentin a bien du mérite à avancer ses idées humanistes face à un personnage qui se dit démocrate mais qui ne sait ni écouter ni dialoguer et reste muré dans ses certitudes.

Extrait des échanges lors du dernier conseil municipal :

V. VALENTIN : Nous constatons sans surprise que le maniement de la calculette et l'alignement des euros font toujours autant votre bonheur. Mais font-ils le bonheur des Colmariens ?

G. MEYER : Je vous dirai c'est ma science préférée, Madame Valentin.

V. VALENTIN : Nous n'en doutons pas. Mais est-ce que cela fait le bonheur des Colmariens ? C'est ça la question. Vos options budgétaires ont-elles, depuis 2014, permis d'améliorer la qualité et le cadre de vie des Colmariens ? C'est la seule question qui doit prévaloir au moment des choix budgétaires. Et c'est la seule à laquelle il va falloir répondre lors des prochaines élections municipales.
J'espère que les Colmariens iront voter nombreux car moi je vais rappeler un seul chiffre. En 2014, vous avez été élu par un gros quart des électeurs seulement. Ce n'est pas un plébiscite. En 2020, si malgré tous les mécontentements et toutes les insatisfactions dont les Colmariens nous font part et qui ont considérablement augmenté ces derniers temps, ils vous renouvellent leur confiance, à vous ou à votre substitut, cela voudra dire qu'il vous donnent quitus de votre action. De notre côté, nous estimons que votre choix de développement économique presque exclusivement basé sur le tourisme ne répond pas aux besoins réels des Colmariens. Et que l'offre des services à la population est en dessous en qualité et en nombre de ce qui pourrait être fait avec le budget et les moyens qui vous sont alloués.

Y. HEMEDINGER : À Colmar, depuis maintenant plus de 20 ans, nous avons fait en sorte que la finance soit au service des êtres humains qui composent la ville, et pas l'inverse (sic).

V. VALENTIN [s'adressant au maire] : Je sais bien que la démocratie [pour vous] c'est « cause toujours ». C'est sans doute la raison pour laquelle vous avez mélangé toutes nos interventions [de l'opposition] dans votre réponse. Ce que je voulais dire simplement (...) vous avez été élu sur un programme, nous n'avons pas mené ce programme, nous en avons présenté un autre, nous croyons toujours dans les vertus d'un certain nombre de nos propositions qui ne peuvent pas voir le jour puisque c'est vous qui avez la majorité et ce sont ces propositions-là que par fidélité, comme vous à votre programme, nous continuons à défendre. (...).
Le budget n'est pas voté parce que la calculette, elle a calculé juste. Le budget est voté - ou non - en fonction de la philosophie et de la vision qu'il porte. Et nous ne partageons pas les vôtres.

23 février 2019

Clément TONNOT
À plus d’un an des municipales

La courroie rompue ?

Les relations se refroidissent entre Gilbert Meyer et Yves Hemedinger, alors que le maire de Colmar et son premier adjoint pourraient devenir rivaux aux prochaines municipales.



Gilbert Meyer ne semble guère apprécier que son premier adjoint 
veuille jouer les premiers rôles. Photo archives L’Alsace


Il n’est pas si loin le temps où Gilbert Meyer célébrait la « fidélité et la confiance » qui régnaient entre lui et son premier adjoint Yves Hemedinger, sa « courroie de transmission ». C’était le discours que tenait le maire de Colmar début janvier, lors de ses vœux. Depuis, les liens qui unissent le maire et sa « courroie » semblent s’être singulièrement distendus.

Ces tensions sont apparues au grand jour à l’occasion d’un long billet posté vendredi dernier sur les réseaux sociaux. Gilbert Meyer y laisse entrevoir une éventuelle candidature, alors même que son premier adjoint s’est lancé depuis belle lurette dans une campagne qui ne dit pas son nom.

Gilbert Meyer, lui, promet de dévoiler ses intentions « à la fin de cette année ». « Si je devais sentir un quelconque risque, je serais présent personnellement à cette échéance », prévient le maire, agacé par « l’agitation électorale qui règne déjà autour de [lui] ».

Le message de Gilbert Meyer, pas vraiment subliminal, constitue une sévère mise en garde à son premier adjoint. Jamais cité nommément, Yves Hemedinger est taxé « d’impréparation » et de « précipitation » par son mentor. « L’habit risque d’être trop grand pour certains », assène durement le maire, pour qui « une frénésie intempestive » risque d’être « sanctionnée par l’opinion »…

« Le pilotage par une personne aguerrie est indispensable », commente encore Gilbert Meyer. On suit facilement son regard quand il vante ses ratios de gestion et l’entregent nécessaire pour faire avancer certains dossiers à Paris.

Taquiné samedi dernier par Eric Straumann en marge de l’assemblée générale des propriétaires du SPICCA, Yves Hemedinger a bien tenté de détourner l’attention, arguant que le message du maire visait aussi le député, autre potentiel candidat. Sauf qu’on peut difficilement reprocher à celui qui fut aussi maire et président de conseil départemental son manque d’expérience et de réseaux à Paris.

Si la charge du maire vise clairement Yves Hemedinger, pourquoi maintenant ? Selon nos informations, Gilbert Meyer aurait proposé à son premier adjoint un dernier tandem pour 2020, dont il lui laisserait le guidon en cours de mandat.

Sauf qu’Yves Hemedinger ne l’entendrait pas de cette oreille, se raccrochant systématiquement à la promesse du maire de ne plus briguer de mandat. « Il s’est engagé par écrit lors des dernières municipales à ne pas se représenter en 2020 », écrivait-il encore le 12 février sur les réseaux sociaux. Ces incessants rappels ont visiblement eu raison de la patience du maire.

« Certes “Gilbert Meyer a dit”. Pourtant [il] voit aussi en ce moment le contexte ambiant des candidats potentiels à la mairie de Colmar », réplique l’intéressé, agitant le chiffon rouge d’un sondage qui « laisse apparaître un grand doute quant aux résultats ». Et d’inviter son premier adjoint à « puiser dans sa capacité personnelle les arguments pour convaincre » plutôt que de se reposer sur de vieilles promesses.

Pour l’instant, Yves Hemedinger maintient le cap. À ceux qui lui mettaient le message du maire sous le nez, il suggérait de « regarder les commentaires » des internautes. Commentaires plutôt favorables au premier adjoint, il est vrai, et qui tournaient souvent autour de l’âge du capitaine (Gilbert Meyer aura 78 ans à la fin de l’année, N.D.L.R.) et du « mandat de trop ». « Confier les rênes à quelqu’un d’autre n’est pas synonyme de faillite », tentait par exemple un internaute, quand un autre reprochait à Gilbert Meyer de « s’accrocher à son trône ». Bizarrement, ces commentaires peu amènes ont disparu de la page du maire en début de semaine…

[Clément TONNOT, L'ALSACE du 23/2/2019]