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9 avril 2020

Le virus de Charybde et Scylla

Laurent Joffrin



La pandémie de coronavirus, on le sait, a créé une situation tragique. Elle l’est en fait doublement, selon les acceptions du mot. Dans le langage courant, la tragédie désigne un malheur cruel qui nous laisse impuissants. Elle correspond à ce que nous vivons. Mais en matière théâtrale, depuis l’Antiquité, elle signifie aussi que les protagonistes sont placés devant une alternative impossible, dont les deux branches sont également mauvaises. Telle est, malheureusement, la situation du gouvernement français face au drame du coronavirus.

En apparence, les choses sont claires : pour épargner des vies et soulager les services hospitaliers, les autorités ont imposé un confinement général. À court terme, on voit mal comment il aurait pu en être autrement. La grande majorité des États ont adopté cette stratégie, sans laquelle la pandémie devenait probablement incontrôlable et très meurtrière. Ceux qui ne l’ont pas fait au départ ont d’ailleurs été contraints de s’y ranger.

Comme cette méthode commence, semble-t-il, à porter ses fruits, beaucoup de médecins et de soignants réclament sa prorogation pour plusieurs semaines, peut-être plus. C’est là que les choses deviennent très ardues. Entre-temps, la production française s’est affaissée de 6% sur un trimestre et les économistes estiment, de manière à peu près consensuelle, que chaque mois de confinement coûte au moins 2 points de production annuelle. Ainsi, le prolongement du confinement risque de provoquer une récession à la fois longue et brutale, inédite depuis la guerre : plus il dure, plus les entreprises se retrouveront en difficulté, plus elles mettront leurs salariés au chômage (maintenant ou plus tard) et plus les capacités de production seront à l’avenir handicapées.

On dira qu’on choisit dans ce cas, encore une fois, la santé publique contre le bien-être matériel, et on aura raison. A cette nuance près : une récession profonde et prolongée, outre qu’elle crée des difficultés sociales et financières sans nom, a aussi des effets sur la santé. Le chômage de masse, qui nous guette, accompagné d’une baisse substantielle du pouvoir d’achat, risque d’altérer gravement l’état sanitaire de chômeurs de plus en plus nombreux et, d’une manière générale, celle des plus démunis. L’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), par exemple, le dit de manière limpide dans une étude qu’elle a publiée en 2018 sur le sujet, « La santé des chercheurs d’emploi, un enjeu de santé publique » : « On observe une surmortalité des chercheurs d’emploi, avec 10 000 à 14 000 décès imputables chaque année au chômage. » Rappelons que, selon la dernière estimation, le coronavirus a entraîné la mort d’un peu plus de 10 000 personnes en France.

L’ensemble des recherches réalisées en psychologie indique que le chômage est vécu comme une épreuve qui s’accompagne de stress, d’anxiété, de déprime, d’un profond sentiment de honte et de culpabilité, le tout pouvant amener à développer de multiples pathologies. De la même manière, les maladies chroniques (asthme, hypertension, diabète, cholestérol, eczéma, psoriasis) ont tendance à s’accentuer pendant les périodes d’inactivité.

Certes, d’autres économistes remarquent, à l’inverse, que les périodes de récession font aussi diminuer la mortalité en réduisant le nombre des accidents de la route ou celui des accidents du travail (moins de travailleurs, moins d’accidents). Mais il y a sans doute des moyens plus directs d’accroître la sécurité routière ou celle des salariés au travail que de provoquer une récession générale. La mortalité des chômeurs, elle, demeure.

Le choix du confinement traduit à coup sûr un progrès de la conscience humaine : dans une majorité de pays, on a décidé de sauver tout de suite des vies, quitte à mettre à l’arrêt une grande partie de l’économie mondiale. Mais, à terme, cette paralysie aura son coût, qui se comptera également en vies humaines. Surtout si la récession s’étend aux pays les plus pauvres, où une grande partie de la population se trouve aux limites de la survie.

Il existe bien sûr une issue à ce dilemme : sortir du confinement tout en assurant la sécurité sanitaire. Ce sont les stratégies de dépistage massif et de « traçage » des comportements à l’aide d’applications numériques, qui permettent de limiter les contacts contaminants et d’isoler les patients atteints du virus. On sait qu’elles posent de redoutables questions de libertés publiques et de protection de la vie privée. Juristes et experts en jugeront. Mais si elles permettent d’éviter de naviguer de Charybde en Scylla, de la pandémie à la dépression économique, elles méritent une étude pour le moins sérieuse.


8 avril 2020


Vive l'impôt !

L'IRE

Passagers clandestins

Il aura fallu une épidémie pour ébranler enfin le socle détestable de l’Économie toute puissante.

Comme si l’on s’apercevait enfin que le discours, tous les discours ne s’occupaient que de santé de l’économie et non de celle de l’humain, de celle de l’environnement, puisque l’on ne peut plus nier aujourd’hui que les deux sont liées.

On pousse aujourd’hui de hauts cris sur l’imprévoyance des pouvoirs publics sur le stock de masques, le nombre de personnels hospitaliers ? Quelle hypocrisie !

Alors qu’hier jusqu’aux personnes au pouvoir, même celles à qui étaient confiées la gestion des finances publiques, s’interrogeaient sur l’utilité des impôts, se grattaient la tête pour mettre en place des solutions d’évitement, rechercher des niches cela au nom de l’attractivité ou du risque d’évasion fiscale.

L’impôt était devenu un mot ordurier, le monde idéal était un monde sans impôts.

Le riche devait voyager léger, en passager clandestin, avec tapis rouge à la sortie de l’avion, congratulations et photos dans les journaux. Le reste de l’humanité en serait immanquablement bénéficiaire à la fin.

Quelle blague !

A quoi pensait-on en vilipendant l’impôt ? De quoi rêvait-on ? D’une vie où l’école, la santé et même la sécurité ne servent à rien ? On serait plus efficace et mieux servi en ne comptant que sur la capacité du seul individu à veiller sur soi ?

Depuis 30 ans les hôpitaux, comme l’école, comme la police manquent de moyens et le crient à qui ne veut pas les entendre.

Aujourd’hui, à vingt heures on applaudit, gratuitement, les braves soldats hospitaliers.

J’aimerais que ceux qui, d’une manière ou d’une autre, en pratiquant la recherche des niches fiscales ont contribué à l’appauvrissement des hôpitaux, aient la pudeur de retenir ce geste de solidarité.

De même, si dans l’urgence, l’argent d’où qu’il vienne sera utile et accepté, il faut se rappeler que c’est une insulte de faire des dons aux services publics si ces dons sont défiscalisés.

C’est des impôts qu’il faut payer, les services publics n’ont pas à dépendre de soi-disant mécènes ou de l’aumône privée.

Le service public c’est notre bien public.

Il justifie un effort commun.

Les Hospitaliers n’auront pas qu’une simple crise à passer, la crise hospitalière a commencé il y a trente ans.

La crise hospitalière comme celle de l’école et de la police doivent être résolues dans la durée.

Vive l’impôt !


7 avril 2020

Masque obligatoire ?

Bernard Friedrich

Mais visiblement nous sommes toujours LES CONS dans l'affaire. Sauver l'économie c'est très bien... mais sauver les gens c'est mieux et prioritaire ! Tout bêtement, s'il n'y a plus ni producteurs ni consommateurs, à quoi auront servi les plans de relance ou de sauvetage ? Trop fort pour les rois des bouliers. Cheffer c'est avoir une vue globale ET fixer des priorités... sans arrière-pensée.

Au passage, il est indispensable de marteler :


- Le port du masque obligatoire est une mesure "supplémentaire" en plus des gestes barrière et du confinement.


- Les masques dits alternatifs ne protègent pas le porteur MAIS les autres. Pour que la mesure porte ses fruits, il faut que tout le monde le porte... et que donc tous y aient accès !



Dessin de Phil

3 avril 2020

COVID-19


Le monde entier affronte aujourd’hui un ennemi commun: le COVID-19. Le virus n’épargne aucune nationalité, communauté ou religion. Il attaque tout le monde sur son passage, implacablement.

Pendant ce temps, les conflits armés continuent de faire rage dans le monde.

Ce sont les personnes les plus vulnérables – les femmes et les enfants, les personnes en situation de handicap, les personnes marginalisées et déplacées – qui paient le tribut le plus lourd. Ces mêmes personnes courent également le plus grand risque de subir des pertes dévastatrices à cause du COVID-19.

N’oublions pas que dans les pays ravagés par la guerre, les systèmes de santé se sont effondrés.

Les professionnels de santé, qui étaient déjà peu nombreux, ont souvent été pris pour cibles. Les réfugiés et toutes les personnes déplacées par des conflits violents sont doublement vulnérables. La furie avec laquelle s’abat le virus montre bien que se faire la guerre est une folie.

C’est la raison pour laquelle j’appelle aujourd’hui à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde.

Le Secrétaire Général de l’ONU,
António Guterres


Pour signer la pétition, cliquer ici 
https://secure.avaaz.org/campaign/fr/global_ceasefire_loc/?bkPRcdb&v=124579&cl=16946779265&_checksum=380880f7538d7f3edc5dd7f50f6a81b40a609dfd53c3a98754767dcc9df3f5df&signup=1

2 avril 2020

Coronavirus : la désinfection des rues est-elle utile ou dangereuse ?

Pour ne pas laisser le champ libre à Eric Straumann, son concurrent dans la course à la mairie qui s'est fait une spécialité du Facebook Live - Gilbert Meyer tente lui aussi de recourir à la vidéo, un moyen moderne pour communiquer avec ses administrés. Mais ce qui paraît aisé et naturel pour ES devient chez Meyer laborieux et contre-productif, mettant l'accent sur ses failles et son élocution de plus en plus problématique. Au fait, qu'apprend-on ? Que les Colmariens peuvent dormir rassurés, le maire veille sur eux. Et qu'il a procédé à la mise en application de la désinfection des lieux publics, une mesure réclamée par les Colmariens, d'après lui. Une initiative dont il se félicite.

Une mesure réclamée par les Colmariens ? Certainement pas par l'écologiste Frédéric Hilbert qui a réagi sur Facebook :


« À Colmar, depuis quelques jours, certaines rues sont désinfectées par une société privée. Elle asperge le sol d’un produit désinfectant, le Tenorbact.
Ce produit, d’après la municipalité, serait sans danger. Or si l’on regarde la fiche de données de sécurité du Tenorbact, on constate qu’il n’est pas anodin pour la santé et qu’il est très toxique pour le milieu aquatique.


https://heegeo.fr/pdf/34403-tenorbact-deterg-desinf-puissant-colis-12-x-flacon-doseur-1l-secu.pdf?fbclid=IwAR2uOxjfgctts2ElIPp2ZBoo7d-XYaWzYNXZXMADZP63tZ2uKxbjpStBoqo

Par ailleurs, comme d’autres maires ou candidats ont également pris position dans ce sens, les agences régionales de santé ont été sollicitées. Leur réponse est qu’il ne faut pas désinfecter les rues. Que cela ne sert à rien et que ça peut être dangereux.


C’est pourquoi nous demandons à la mairie de Colmar de cesser le traitement des sols. Nous comprenons qu’il est important de rassurer nos concitoyens, et d’agir contre la propagation du virus. Mais la meilleure façon de le faire est de rester chez soi, de se laver les mains et de respecter les gestes "barrière".

La Ville joue son rôle, avec d’autres institutions, dans le soutien aux personnes qui doivent travailler en organisant la garde des enfants, en aidant la logistique des actions de solidarité, en participant à l’effort de soutien pour le secteur économique avec la région. Mais quand une idée se révèle faussement bonne, il convient de ne pas persister dans l’erreur. »

La vidéo de Gilbert Meyer ici :